Les faits remontent au 7 décembre. Ce jour-là, Alex Bishop rentrait seul au Royaume-Uni avec cinq chevaux. Lors d’un arrêt pour faire le plein en Belgique, à environ une heure de Calais, sa carte bancaire a été refusée par la borne automatique, l’obligeant à entrer dans la station-service pour régler son carburant. Une absence de quelques minutes seulement, mais suffisante pour que cinq personnes montent clandestinement dans la remorque attelée à son camion.

« Je ne suis pas quelqu’un qui panique facilement, mais cette fois-ci, j’ai vraiment eu peur », confie-t-il. « Dans l’Eurotunnel, on est dans un espace clos avec les chevaux. J’ai même passé devant le van pour aller aux toilettes, sans me douter une seconde qu’il y avait des personnes à l’intérieur. »

Des tentatives pour le forcer à s’arrêter

C’est sur l’autoroute M20, en Angleterre, que le cavalier commence à soupçonner que quelque chose ne va pas. « Une voiture s’est portée à ma hauteur en faisant des appels de phares. Puis elle s’est rabattue devant moi et a fortement ralenti, feux de détresse allumés. »

Il apparaîtra plus tard que les passagers clandestins avaient ouvert la porte jockey du van afin d’attirer l’attention des autres conducteurs. Leur objectif aurait été de contraindre Bishop à s’arrêter sur l’autoroute pour pouvoir s’échapper.

Une fuite précipitée, des traces laissées derrière eux

Ce n’est toutefois qu’une fois arrivé à son domicile, aux alentours de minuit, que la situation prend toute son ampleur. « J’ai entendu un grand bruit et j’ai vu la dernière personne s’enfuir dans la nuit », raconte-t-il. Dans leur fuite, les intrus ont abandonné à l’intérieur du van des tentes, des sacs de couchage, de la nourriture et des articles de toilette.

La police de l’Essex est intervenue rapidement, mobilisant un hélicoptère et des chiens pisteurs. Malgré les recherches, les individus n’ont pas été retrouvés. Le van a été saisi pour une enquête approfondie, mais Alex Bishop a été immédiatement reconnu comme victime.

Des risques lourds pour les cavaliers

Les autorités britanniques confirment que les incidents de ce type visant les camions et vans à chevaux ont doublé. Les migrants ciblent en priorité les coffres à sellerie ou portes de groom non verrouillés, les essieux des véhicules, les zones situées derrière les déflecteurs de toit ou encore les barreaux de fenêtres, parfois forcés.

Au-delà du choc émotionnel, les conséquences peuvent être sévères pour les conducteurs : des amendes allant jusqu’à 10 000 livres sterling par personne découverte à bord, ainsi que la possible saisie du véhicule.

« Évitez de vous arrêter »

Alex Bishop n’est pas un cas isolé. Le groom indépendant Ludo Langton avait déjà vécu une situation similaire après un ravitaillement en Belgique, découvrant deux personnes installées sur son coffre à sellerie grâce à une caméra embarquée. « Les autorités n’osaient pas intervenir à cause des chevaux. J’ai dû le faire moi-même — l’un des migrants se trouvait littéralement sous un cheval », témoigne-t-il.

Face à ces événements, le message de la communauté équestre est sans équivoque : redoubler de prudence, inspecter soigneusement les véhicules avant les contrôles frontaliers et, si possible, éviter tout arrêt dans les zones proches des grands ports.