Je pèse soigneusement mes mots en écrivant cet article d’opinion. Je veux l’écrire, mais j’hésite… Finalement, je décide de le mettre en pause pour l’instant. Je manque trop d’informations de fond et dois me fier à des déclarations. Jusqu’à ce que… soudainement, Leo De Backer publie une chronique intitulée : « Qu’aucune tête ne tombe dans cette affaire est irresponsable. » La FRBSE (Fédération Royale Belge des Sports Équestres) a également publié un communiqué aujourd’hui, réaffirmant sa position. Mais ma question demeure : pourquoi ?
Vous l’avez deviné : il s’agit de Tine Magnus et de sa suspension. Je tiens à préciser que ce que cette cavalière traverse est absolument terrible. Je ne peux imaginer le cauchemar que cela doit être… Je ne veux pas pointer du doigt ici. Non pas parce que je suis Belge, non pas parce que je veux prendre parti, mais parce que je ne possède pas assez d’éléments sur l’affaire. En revanche, je veux prendre un instant pour pointer du doigt mes collègues : où est votre vérification des faits ? Des histoires circulent, mais sont-elles vraiment vraies ?
Au milieu de tout ce tumulte, je me demande simplement : pourquoi ?
Comme je l’ai dit, je n’ai pas assez d’informations de fond pour déterminer qui, si quelqu’un, devrait être tenu responsable dans « l’affaire Tine Magnus ». Les seules informations disponibles proviennent des déclarations de la FEI (Fédération Équestre Internationale), de la cavalière et de la fédération belge. Entre-temps, le vétérinaire (via les réseaux sociaux) et la marque de compléments impliquée ont également fait des déclarations. Mais c’est tout ce que nous avons à ce stade. Je ne prends donc pas position sur la culpabilité ou l’innocence !
Mais ce qui compte pour moi, c'est d'un côté : pourquoi ? Et de l'autre… la nécessité de clarté !
Tout d’abord, la relation entre les fédérations (internationales) et les cavaliers est-elle devenue si tendue que la fédération (internationale) ne peut plus soutenir les cavaliers sans complications ? Innocent est innocent, coupable est coupable. Bien que le cheval ait été testé positif, la cavalière (selon la déclaration de la FEI) n’est pas coupable d’avoir intentionnellement administré la substance interdite Trazodone—et pourtant, elle a été sanctionnée.
Formulons cela autrement : à une époque où notre licence sociale d’exploitation est remise en question quotidiennement, la fédération (internationale) envoie le message que, malgré de bonnes intentions et un comportement correct, quelqu’un est quand même puni. Qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir des sports équestres ? Comment faut-il interpréter cela ? Que personne dans notre sport n’a de bonnes intentions ? Ou plutôt que la fédération refuse de prendre le contexte en compte ?
Je ne peux tout simplement pas comprendre… Faut-il un cadre politique global (une fédération internationale) ? Je dis un grand oui. Mais ce cadre doit agir dans l’intérêt du sport, et non dans celui de sa propre bureaucratie. Il est plus clair que jamais que les décideurs doivent se reconnecter avec le sport et ses acteurs et adapter leurs politiques en conséquence.
Dans toute cette affaire, la FEI aurait pu transmettre un message totalement différent ! Elle aurait pu prendre en compte le contexte, mener elle-même une enquête plus approfondie (ce qui apparemment n’a pas été fait—malgré leur efficacité bureaucratique…). En innocentant complètement Tine, elle aurait pu montrer une unité. Encore une fois, cette conclusion est basée sur les communiqués de presse de la FEI, de la FRBSE, de Tine Magnus, du vétérinaire et de la marque de compléments.
Besoin de clarté !
Aussi utopique que cette connexion puisse paraître, une chose devient encore plus évidente : la clarté. Nous sommes un sport qui applique une politique de tolérance zéro en matière de substances étrangères. La complexité des substances interdites, ainsi que le risque constant de contamination—que ce soit à l’écurie, chez le vétérinaire ou via un fabricant—ne facilitent pas les choses.
Lors de la dernière réunion de l’IJRC (International Jumping Riders Club) à Genève, Max Kühner a déjà souligné qu’il devenait impossible de savoir ce qu’un cheval peut ou ne peut pas manger. « La liste des substances interdites est si longue que j’en remets en question la précision », a déclaré Kühner à l’époque. Plusieurs autres cavaliers de haut niveau avaient déjà exprimé leurs préoccupations (et ce, depuis l’épidémie d’EHV-1 en Espagne) quant à la nécessité d’avoir de meilleures politiques de sécurité dans les écuries et d’inclure le risque de contamination dans les critères d’exclusion des règlements.
Aujourd’hui, il faut pratiquement un diplôme universitaire juste pour comprendre les règlements de la FEI. Et soudainement, il n’y aurait plus de place pour le contexte ? À quel point sont-ils devenus déconnectés ? Une question ouverte…