Depuis le sud-ouest ensoleillé de la France, Marine Renaudet a trouvé sa voie jusqu’au cœur du saut d’obstacles international. Depuis 2018, elle est la groom attitrée du cavalier de haut niveau Daniel Deusser (GER) – un rôle dans lequel elle combine sa passion de toujours pour les chevaux avec discipline, engagement et un œil aiguisé pour les détails.
« Les chevaux ont toujours fait partie de ma vie, » explique Marine.
Pourtant, sa mère l’a encouragée à poursuivre un diplôme, et Marine s’est donc inscrite en histoire de l’art. « C’était intéressant, mais les chevaux me manquaient trop », avoue-t-elle. Elle s’est alors réorientée vers un programme agricole pratique, qui comprenait une écurie sur place. « J’ai probablement passé plus de temps dans les écuries que je n’aurais dû – mais j’ai quand même terminé le cursus. »
Après l’obtention de son diplôme, elle a envoyé des candidatures spontanées à plusieurs grandes écuries. Son message était clair : elle avait de l’expérience, parlait anglais, avait aidé lors de concours, et elle était avide d’apprendre. À sa grande surprise, elle a reçu plusieurs réponses – dont une de Stephex Stables en Belgique. « J’avais aussi des entretiens prévus avec des cavaliers en République tchèque et au Mexique, mais ma mère trouvait que la Belgique était un peu plus raisonnable », raconte-t-elle en riant.
Une période d’essai en juillet 2018 l’a menée chez Stephex, où elle devait initialement travailler pour un cavalier français. Cependant, celui-ci était sur le point de monter sa propre écurie – et au même moment, le groom de longue date de Daniel Deusser quittait son poste. « Tout s’est parfaitement enchaîné », se souvient-elle. En août 2018, Marine rejoignait officiellement l’équipe de Daniel – et elle n’en est jamais partie depuis.
Aujourd’hui, elle s’occupe de certains des meilleurs chevaux du monde. Cela demande non seulement des connaissances, mais aussi une profonde compréhension de leur caractère et de leur comportement. « Chaque cheval a sa propre personnalité », explique-t-elle. « Certains sont joueurs, d’autres timides ou sensibles. On crée un lien qui ressemble à une amitié – avec certains, ça colle tout de suite. »
Elle parle avec tendresse des chevaux dont elle a la charge – d’Otello de Guldenboom, le sensible, à Scuderia 1918 Tobago Z, le doux, en passant par Killer Queen VDM, la jument au caractère bien trempé. « Elle sait exactement ce qu’elle veut – et elle le fait très bien comprendre », sourit Marine. « On disait toujours en plaisantant qu’elle préférait Sean (l’autre groom) à moi – elle hennissait à chaque fois qu’elle le voyait ! »
Cette attention individuelle, c’est ce qui rend son travail si spécial. « On est avec eux tout le temps. On apprend leurs habitudes, leurs petites manies, ce qu’ils aiment. Le lien se construit jour après jour. »
Que ce soit à la maison ou en concours, Marine vise toujours calme et régularité. « Les chevaux sont des animaux d’habitude. J’essaie de reproduire leur routine à la maison, même en concours – ça les aide à se détendre. » Les jours de concours peuvent être intenses, mais offrent aussi plus de temps pour des soins personnalisés. « On est moins pressés. On peut vraiment se concentrer sur leur bien-être. »
Les voyages font partie du métier – qu’il s’agisse de camions ou d’avions, tout est planifié dans les moindres détails. « On fait attention à qui voyage bien ensemble. On regroupe les chevaux qui s’entendent. Tout est pensé pour limiter le stress. » Et un bon hébergement fait toute la différence : « Un environnement calme, des boxes bien organisés – ça aide les chevaux à s’adapter rapidement. »
Un moment fort pour Marine a été sa première visite au CHIO d’Aix-la-Chapelle – le “Wimbledon” du saut d’obstacles. « J’en avais des frissons. L’ambiance, le public, l’histoire – c’est impressionnant. Et quand on travaille pour un cavalier allemand comme Daniel, le soutien du public local est incroyable. Ça m’a donné un vrai coup de boost émotionnel. »
Elle est tout aussi enthousiaste à propos du Rolex Grand Slam of Show Jumping – qui regroupe des concours prestigieux comme The Dutch Masters, Calgary et Genève. « Tout est au plus haut niveau – l’organisation, les sites, l’atmosphère. C’est magique. En 2022, Daniel a remporté le Grand Prix Rolex aux Dutch Masters avec Tobago Z. J’étais tellement nerveuse, mais l’énergie là-bas était incroyable. »
L’esprit d’équipe est essentiel chez Stephex Stables. « On apprend tous les uns des autres. Personne ne sait tout. On partage nos observations, nos astuces, même des détails comme la sieste matinale de Killer Queen – on l’intègre dans notre planning pour qu’elle soit bien. Tout repose sur la communication et l’envie de progresser. »
Ce qui rend son travail vraiment gratifiant, c’est de voir les chevaux heureux, en forme et performants. « Quand ils se sentent bien et donnent tout en piste – c’est une immense satisfaction. Et quand Daniel est content, toute l’équipe le ressent. Même si je suis à la maison et pas au concours, je suis fière quand je les vois réussir. Je sais que j’ai contribué à ce résultat. »
À ceux qui rêvent de devenir groom au plus haut niveau, Marine donne un conseil simple : « Lancez-vous. Restez ouverts, prêts à apprendre, et ne vous découragez pas si c’est dur au début. Chaque expérience vous apprend quelque chose. C’est un vrai parcours – et ça vaut vraiment la peine. »