Darragh Kenny est un nom que l'on entendait peu sur le vieux continent avant l'an dernier. Mais le cavalier qui passe la majorité de son temps Outre-Atantique s'est très vite fait repérer lors de son retour en Europe l'été passé alors qu'il remportait une épreuve à Aix-La-Chappelle puis à Chantilly. Désormais, le cavalier de 27 ans fait partie des piliers de l'équipe Irlandaise aux côtés de Bertram Allen ou Denis Lynch. Cependant, Kenny ne se contente pas de monter puisqu'il est à la tête d'une des écuries de compétition les plus renommées aux États-Unis, Oakland Ventures LLC. Reconnu pour son style impeccable à cheval par ses compères, cet homme aux plusieurs facettes s'est livré à Equnews :
Comment avez-vous commencé à monter, et comment avez-vous su que vous vouliez devenir un cavalier professionnel ?
Mes deux parents montaient à cheval, ils ont eu des chevaux toute leur vie, donc j’ai débuté quand j’avais environ deux ou trois ans. J’allais toujours au concours avec eux et ils trouvaient que j’étais plus en sécurité sur le dos d’un poney qu’à pied au milieu des chevaux. Petit, je restais à poney toute la journée. Pendant longtemps, quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup monter mais je ne savais pas si je voulais le faire à plein temps ou non. Puis quand j’avais seize ans j’ai fait une pause pendant trois ou quatre mois et j’ai réalisé que c’était vraiment cela que je voulais faire de ma vie.
Vous êtes le fondateur de Oakland Ventures LLC, pouvez-vous nous expliquer un peu de quoi il s’agit ?
Oakland Venture est une entreprise qu’une amie et moi gérons ensemble depuis 2012. C’est surtout de l’entrainement, nous avons beaucoup d’élèves et nous leur apprenons à monter, ce qu’est le sport, et nous les aidons à construire leur carrière. Quand j’entraine un élève je me concentre principalement sur le style, je veux vraiment qu’ils montent correctement et proprement. Et puis j’ai aussi des chevaux pour moi ainsi que des chevaux que j’achète et puis revends.
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Darragh célèbre sa troisième place à Paris avec son groom, et Bertram Allen, son compatriote qui remportait l'épreuve[/caption]
Vous avez donc toutes les casquettes, les journées sont-elles assez longues pour toutes vos activités ?
Je dois admettre que je travaille assez dur. Mais je suis très chanceux, ce n’est pas que moi, c’est vraiment une équipe entière de personnes derrière moi. Cela me rend la tâche bien plus facile. J’ai une partenaire fantastique, Courtney de Hechavarria, qui fait un super travail et c’est une excellente manager, c’est une française d’ailleurs. Et puis j’ai aussi deux garçons qui travaillent avec moi, ils entrainaient et montent aussi et ils sont très bons tous les deux. J’ai donc vraiment une super équipe à mes côtés.
Vous semblez avoir une relation très soudée avec votre cheval, Picolo, pouvez-vous nous en dire plus sur lui ?
Oui, j’ai vraiment une relation très spéciale avec Picolo. C’est un cheval que j’ai acheté quand je commençais à peine mon business et je n’avais pas beaucoup d’argent. Mais j’avais vraiment besoin d’un bon cheval pour commencer ma carrière. J’ai trouvé le cheval ici, près de Chantilly avec Cédric Angot qui est un bon ami, et le cheval était incroyable. Il a tellement gagné pour moi, il a tellement fait dans ma carrière, j’aime vraiment ce cheval. Il est super, travailler avec lui est facile, il est très détendu et relax. Et chaque fois qu’il entre en piste il veut essayer de gagner. Il a fait des choses géniales pour moi, j’ai toujours voulu sauter à Aix-La-Chapelle et l’an dernier j’y suis allé pour la première fois et il gagne son épreuve le premier jour, c’était incroyable. Il a aussi gagné la grosse épreuve du premier jour à Dublin. Je n’étais pas allé là-bas depuis sept ou huit ans et c’est un concours dans mon pays donc c’était vraiment important pour moi, et il était sensationnel encore une fois. Il a fait tellement pour moi, je suis tellement chanceux de l’avoir.
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Darragh et Picolo à Aix-La-Chapelle l'an dernier[/caption]
Quand le reverrons-nous sur les plus gros concours ?
Il a fait deux semaines à Wellington cet hiver, et puis il s’est blessé donc il a eu une pause. Mais nous étions à un concours la semaine dernière et il était bien. Donc je pense qu’il sera du voyage pour Londres la semaine prochaine.
Vous avez aussi Sans Soucis Z qui terminait troisième des Grands Prix de St Gall et de Paris, pouvez-vous aussi nous parler de ce cheval ?
J’ai été très chanceux qu’un jour son propriétaire vienne me voir et me demande de monter le cheval. Dès ce moment-là nous avons eu une très bonne connexion. Sans Soucis est vraiment un très bon cheval, je pense qu’il a les moyens de tout faire. Je suis encore une fois très chanceux de l’avoir, je pense que c’est un super cheval.
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Sans Soucis Z à Paris[/caption]
Nous avons appris il y a peu que vous perdiez Imothep et d’autres chevaux, comment vous sentez-vous en ce moment à ce propos ?
C’est assez triste pour moi je dois dire, c’est vraiment une grosse perte surtout que je n’ai pas beaucoup de chevaux en ce moment. Et d’autant plus qu’Imothep est un cheval génial, il était incroyable aux Jeux Equestres Mondiaux l’an dernier, il l’était toute l’année d’ailleurs. Donc c’est vraiment une grosse perte. Mais maintenant je dois faire attention à ne pas mettre trop de pression sur Sans Soucis puisque c’est le seul cheval de Grand Prix qu’il me reste. Mais en règle générale, quand les choses ne se passent pas parfaitement je suis plutôt bon pour me battre et faire en sorte que les choses fonctionnent pour le mieux.
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Darragh et Imothep aux JEM[/caption]
Aix-la-Chapelle est très important pour l’équipe Irlandaise, comment allez-vous vous préparer pour cet événement ?
Oui Aix-La-Chapelle a une importance massive pour nous puisque nous devons nous qualifier pour les Jeux Olympiques. Sans Soucis a sauté le Grand Prix hier et il était vraiment très bien mais malheureusement il termine avec une faute assez malchanceuse. Maintenant son prochain concours est Dublin, donc il a trois semaines de pause avant d’aller à ce concours. Et puis je pense qu’il aura de très bonnes chances de faire partie des cinq de l’équipe pour les Championnats d’Europe.
Vous passez la moitié de l’année aux États-Unis et l’autre moitié en Europe, quelle est selon vous la différence principale entre les deux continents ?
Je pense que les deux endroits sont gérés de manière totalement opposée. L’Amérique est vraiment tournée vers l’aspect économique du sport, le business, l’entrainement, acheter et vendre des chevaux. Alors que l’Europe c’est surtout le sport qui compte, le sport de très haut niveau, on se concentre sur les jeunes chevaux pour les amener au meilleur niveau et faire les plus gros concours. Je pense que c'est la plus grande différence entre les deux. Aux États-Unis on ne forme pas tellement de jeunes chevaux , on les achète avec un peu d’âge déjà, alors qu’en Europe on forme d’excellents jeunes chevaux.
Finalement si vous pouviez monter n’importe quel cheval, lequel serait-ce ?
Je vais être difficile car il y a trois chevaux que j’aime beaucoup actuellement. Fit For Fun, de Luciana Diniz est juste incroyable. Puis il y a le cheval du cavalier Irlandais Greg Broderick, Going Global qui était troisième à Estoril. Il a seulement neuf ans et je pense que c’est un cheval fantastique, pour moi dans quelques temps ce sera l’un des meilleurs chevaux du monde. Et puis il y a All In, le cheval de Peder Fredricson qui est un super cheval et qui me plairait beaucoup.
Photos : Darragh & Sans Soucis Z. Copyright : Equnews - Auriane Tournay & Maria Guinamant.
