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Rodolphe Scherer, talent et expérience tournés vers la modernité...(partie 4)

Nous arrivons au bout de cette interview de Rodolphe Scherer dans laquelle nous avons abordé différents sujets (parties : 1 / 2 / 3).Dans cette dernière partie, Rodolphe Scherer nous parle du Complet en général, l'avenir qu'il lui voit...

L'évolution du Complet

Je ne pense pas que le Complet aura un jour la croissance que connaît aujourd'hui le CSO parce que le CSO dispose d'une certaine "facilité d'accès", à partir du moment où vous avez des moyens c'est plus simple de se développer. Je pense que notre atout c'est qu'on est un magnifique spectacle, on l'a encore prouvé aux JEM, ça s'est aussi vu au Lion d'Angers, à Pau... Avant qu'un cso ne fasse 50 000 spectateurs, c'est pas demain la veille ! Et ça c'est quand même un atout de fou. Mais par moment on a loupé la gache, j'ai l'exemple d'il y a quelques années, après les JO d'Atlanta quand Pierre Durand était président de la FFE. Lors de ces JO on avait fait le record d'audience sur France 3 et le patron de la chaîne était venu nous voir là où on logeait, un peu curieux, donc il a passé 2h avec Pierre Durand et dans l'hiver ils se sont revus parce que forcément les sports équestres l'avaient intrigué et au final ils lui ont vendu le concours de Paris-Bercy en indoor qui a fait une très mauvaise audience... On a fait assez souvent des erreurs comme ça qu'on a payé assez cher... De temps en temps quand ils étaient intéressés en complet on a essayé de leur vendre du complet en direct et je pense que c'est une erreur de leur vendre en direct parce qu'il peut se passer quelque chose et l'épreuve peut être arrêtée une heure. Pour moi il vaudrait mieux faire comme ils font au Lion d'Angers et en Angleterre par exemple où ils filment le dressage, le cross et le dimanche ils diffusent un peu de dressage, un beau montage des meilleurs moments du cross et après en direct les vingt meilleurs sur le saut d'obstacles où il y a le suspens, l'adrénaline et là on a tout. On a quelques images du dressage pour montrer ce que c'est, on peut mettre des images des coulisses, le cross avec un super montage, et pour finir les meilleurs sur le saut d'obstacles avec la montée en puissance etc. et ça, ça marche bien à chaque fois ! Mais les gens essayent toujours d'inventer des choses plus compliquées. Je pense qu'en faisant ça on va y arriver, et en pérennisant des événements comme Pau, comme le Lion, comme là j'espère après au Pin etc. Il faudrait réussir aussi à attraper un ou deux chefs d'entreprise qui se rendent compte qu'amener ses clients une journée en concours sur des événements comme ça, c'est familial ; il faut qu'ils y prennent goût comme ceux qui amènent des clients dans une loge pour un match de foot. C'est un autre type de clientèle mais je pense qu'il y a des gens pour ça. Ça peut marcher ! Après au niveau de la FEI je pense qu'il y aurait quelque chose à faire, c'est que comme en cso, et ça va peut-être froisser des gens au départ, mais il faudrait qu'on impose des dotations minimales pour chaque catégorie. Quand vous êtes 10ème du 3* de Boekelo et que ça ne rembourse pas votre engagement ça le fait pas alors que vous avez 50 000 spectacteurs. Il ne s'agit pas non plus de mettre 2 millions de dotation, on n'en est pas là. Un autre exemple, là aux JEM, avec Makara je suis 20ème, classé, et j'ai gagné 600€ ; même si on n'y va pas pour gagner de l'argent, il faut au moins que ce soit des chevaux qui se rentabilisent si l'on veut aussi attirer des investisseurs... Et puis c'est un système, l'argent appel l'argent. Là on va avoir un nouveau circuit du Grand National qui va se dérouler sur les anciens sites de l'IFCE, à Saumur, Pompadour, Le Pin, Le Lion d'Angers et ça c'est un très beau circuit ! Et puis en ce moment je pense qu'il y a des gaches, on traîne des idées sur l'écologie, le vert etc et je pense qu'une entreprise qui veut se faire de l'audience pourrait être attirée par le Complet. En plus on est à la fois pas un sport de "beauf"  mais pas non plus un sport un peu "bobo". Sur les complets le public est quand même très varié et ça c'est génial. On a un peu l'impression d'être dans un pub anglais avec le Lord et ses ouvriers qui sont ensemble autour d'une bière et ça je pense que c'est un vrai atout ! On a un inconvénient mais qui est peut-être aussi une qualité c'est la notion de risque, d'investissement physique, qu'on nous reproche souvent mais je pense que c'est un atout, un peu comme la montagne et la mer, ça a toujours fasciné aussi parce qu'il y a des risques. C'est vrai qu'en cso quand il y a un émirat arabe qui achète un cheval dix millions d'euros, qui monte n'importe comment et qui couche la piste, il n'y a que le cheval qui ramasse des barres. En complet, s'il fait la même chose peut-être qu'effectivement son cheval va ramasser mais lui à un moment il peut ramasser aussi. Certains peuvent trouver ça dommage mais c'est aussi une force. Je pense que le cso et le complet s'auto-alimentent, quand l'un va bien et se développe, l'autre suit également. Aujourd'hui certains pays en voie de développement n'ont pas les moyens de sortir en cso comme ont fait les pays arabes mais ils peuvent se rabattre sur le complet où on est un peu plus sur du travail et un investissement moins important. C'est pour ça que moi la partie entrainement, toucher l'international, ça m'attire, parce qu'aujourd'hui beaucoup de ces pays-là quand ils viennent ils atterrissent en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Angleterre alors il faut qu'on arrive à les accrocher ; on a en plus de beaux circuits. Maintenant il y a en plus des choses qui s'arrangent, on peut inscrire plus facilement les chevaux, avant on était dans un espèce de carcan maintenu par les Haras Nationaux mais aujourd'hui on peut commencer à faire des choses. Je trouve qu'on est la discipline qui a fait le plus d'efforts, qui a le plus changé même si à un moment on nous a fait faire des changements qui étaient de la bêtise, comme par exemple aux JO quand les épreuves individuelles et par équipes étaient séparées et qu'on se retrouvait carrément à monter deux cross avec notre cheval ; puis pour nous reprocher deux ans après que ça coûtait trop cher... Le fait de faire deux cso comme il y a eu à Londres c'est pas si mal, ça ne détériore pas tellement la discipline. Je pense qu'au niveau des évolutions il va y avoir surtout plus de communication sur les événements, pour se donner plus de moyens. Curieusement je pense que mettre de la dotation va donner de l'importance à la discipline. C'est un fait très anglo-saxon ; aux Etats-Unis par exemple si vous communiquez sur une épreuve importante vous allez mettre en avant sa dotation alors qu'en France c'est comme si on avait un peu honte qu'il y ait de la dotation. [caption id="attachment_68773" align="aligncenter" width="300"]Rodolphe et Makara à Caen - Equnews.fr / S.Renier Rodolphe et Makara à Caen - Equnews.fr / S.Renier[/caption] Par contre il faut faire très attention à préserver les formats longs parce que déjà c'est plus impressionnant mais aussi il y a une technique qui est bien meilleure pour les chevaux. Je vais schématiser mais sur un format long votre chronomètre vous sert à quelque chose alors que sur la plupart des CIC on pourrait même le supprimer puisque de toute façon personne n'est à l'heure. Dans les formats longs il y a un travail en amont, une gestion différente... En plus, plus on réduit les épreuves, plus les sauts sont rapprochés, plus on a l'impression que les chevaux ne fatiguent pas mais en fait on "use" presque plus de chevaux que sur des formats longs sur des CIC. Les formats longs imposent également que ce soit dans des endroits qui ont une certaine dimension et je pense que c'est quand même bien parce qu'il faut garder le côté grandiose et notre spécificité ; il ne faut pas que ça devienne un derby amélioré. Même si la qualité des chevaux s'est énormément améliorée, il faut garder justement une certaine longueur des tours pour que la partie préparation du cheval au niveau classe de galop et endurance reste importante. Ca nous permet de garder un élevage et un entrainement spécifiques. Si on ne garde pas cette longueur on va vouloir durcir les obstacles et on va avoir des problèmes. C'est comme en cso, s'ils supprimaient les guêtres postérieures ils pourraient mettre des parcours un peu moins difficiles pour les chevaux. Les 4* imposent une certaine préparation ce qui fait qu'on ne peut pas aller courir tous les week-ends si on vise le championnats de l'année. C'est ce qui fait que les champions de complet restent des galopeurs, les champions de cso des sauteurs etc. On garde ainsi une importance au facteur travail ce qui est très important. Le problème c'est qu'en réduisant la longueur des cross ça pousse les cavaliers à faire courir plus souvent leurs chevaux. Plus on est sur des formats longs, plus on est sur des préparations à long terme et plus on est sur des gestions de carrière et plus on fait attention aux chevaux. Même en cso, ceux qui sont toujours présents à haut-niveau c'est ceux qui ont cette gestion là. Au niveau des accidents je pense que plus le cross se courre vite et plus on a de problèmes. Parfois les tours où pour les cinq premiers ça se passe mal, il y a ensuite très peu de soucis. Soit tout le monde part avec l'objectif d'arriver au bout, soit tout le monde part en voulant être maxi et ce n'est pas la même course. Quand il y a de la distance à courir, il y a plus d'espace entre les obstacles ce qui fait que par exemple un double de pointe qui ne pose pas de problème en CIC peut en poser en CCI parce qu'il arrive après une grande galopade. Il faut continuer d'être très vigilant dans la construction ; avec les obstacles de sécurité il ne faut pas tomber non plus dans le ridicule. Ce qui fait que les cavaliers et les chevaux font attention c'est que les obstacles ne tombent pas. Par contre en France on a beaucoup perdu de terrains vallonnés ; Pompadour (assez valloné), à construction équivalente il y a plus d'incidents. Donc sans avoir besoin de mettre des obstacles plus difficiles, le vallonnement rend le parcours plus dur, ça pose des problèmes de gestion d'équilibre et du galop du cheval. Au niveau des règlements il y a de plus en plus de qualifications qui ont été mises en place pour changer de niveau ce qui oblige les gens à courir beaucoup plus. Par exemple moi maintenant, pour certains chevaux je dois choisir des épreuves parce que j'ai besoin des qualifications, alors que le cheval n'aurait pas forcément besoin de courir cette épreuve. Et on voit aussi que certains courent l'épreuve pour la qualification donc ils se mettent à optionner sur le cross pour être sans faute aux obstacles et avoir la qualification mais finalement ils ne sont pas si prêts que ça. On trouve aussi des chevaux qui tournent beaucoup trop avec en plus un manque de préparation. On tombe également dans une génération qui n'a pas connu le combiné où on devait avoir une vrai gestion de l'épreuve. On se retrouve aujourd'hui avec une génération qui n'a plus du tout la même approche et la même gestion. C'est ce qui fait aussi que les anciens sont toujours là. Il faut donc faire très attention à la gestion des chevaux, ce sont de vrais athlètes et il ne faut pas les faire tourner trop quand ils sont jeunes parce qu'après on se retrouve avec des chevaux usés qui ne peuvent plus aller au plus haut niveau. Donc en résumé il faut garder les formats longs, les épreuves appropriées, aller à l'étranger et sensibiliser les jeunes sur le résultat mais aussi sur la manière ! Merci à Aude et Rodolphe Scherer pour leur disponibilité !

A.L

Nous arrivons au bout de cette interview de Rodolphe Scherer dans laquelle nous avons abordé différents sujets (parties : 1 / 2 / 3).Dans cette dernière partie, Rodolphe Scherer nous parle du Complet en général, l'avenir qu'il lui voit...

L'évolution du Complet

Je ne pense pas que le Complet aura un jour la croissance que connaît aujourd'hui le CSO parce que le CSO dispose d'une certaine "facilité d'accès", à partir du moment où vous avez des moyens c'est plus simple de se développer. Je pense que notre atout c'est qu'on est un magnifique spectacle, on l'a encore prouvé aux JEM, ça s'est aussi vu au Lion d'Angers, à Pau... Avant qu'un cso ne fasse 50 000 spectateurs, c'est pas demain la veille ! Et ça c'est quand même un atout de fou. Mais par moment on a loupé la gache, j'ai l'exemple d'il y a quelques années, après les JO d'Atlanta quand Pierre Durand était président de la FFE. Lors de ces JO on avait fait le record d'audience sur France 3 et le patron de la chaîne était venu nous voir là où on logeait, un peu curieux, donc il a passé 2h avec Pierre Durand et dans l'hiver ils se sont revus parce que forcément les sports équestres l'avaient intrigué et au final ils lui ont vendu le concours de Paris-Bercy en indoor qui a fait une très mauvaise audience... On a fait assez souvent des erreurs comme ça qu'on a payé assez cher... De temps en temps quand ils étaient intéressés en complet on a essayé de leur vendre du complet en direct et je pense que c'est une erreur de leur vendre en direct parce qu'il peut se passer quelque chose et l'épreuve peut être arrêtée une heure. Pour moi il vaudrait mieux faire comme ils font au Lion d'Angers et en Angleterre par exemple où ils filment le dressage, le cross et le dimanche ils diffusent un peu de dressage, un beau montage des meilleurs moments du cross et après en direct les vingt meilleurs sur le saut d'obstacles où il y a le suspens, l'adrénaline et là on a tout. On a quelques images du dressage pour montrer ce que c'est, on peut mettre des images des coulisses, le cross avec un super montage, et pour finir les meilleurs sur le saut d'obstacles avec la montée en puissance etc. et ça, ça marche bien à chaque fois ! Mais les gens essayent toujours d'inventer des choses plus compliquées. Je pense qu'en faisant ça on va y arriver, et en pérennisant des événements comme Pau, comme le Lion, comme là j'espère après au Pin etc. Il faudrait réussir aussi à attraper un ou deux chefs d'entreprise qui se rendent compte qu'amener ses clients une journée en concours sur des événements comme ça, c'est familial ; il faut qu'ils y prennent goût comme ceux qui amènent des clients dans une loge pour un match de foot. C'est un autre type de clientèle mais je pense qu'il y a des gens pour ça. Ça peut marcher ! Après au niveau de la FEI je pense qu'il y aurait quelque chose à faire, c'est que comme en cso, et ça va peut-être froisser des gens au départ, mais il faudrait qu'on impose des dotations minimales pour chaque catégorie. Quand vous êtes 10ème du 3* de Boekelo et que ça ne rembourse pas votre engagement ça le fait pas alors que vous avez 50 000 spectacteurs. Il ne s'agit pas non plus de mettre 2 millions de dotation, on n'en est pas là. Un autre exemple, là aux JEM, avec Makara je suis 20ème, classé, et j'ai gagné 600€ ; même si on n'y va pas pour gagner de l'argent, il faut au moins que ce soit des chevaux qui se rentabilisent si l'on veut aussi attirer des investisseurs... Et puis c'est un système, l'argent appel l'argent. Là on va avoir un nouveau circuit du Grand National qui va se dérouler sur les anciens sites de l'IFCE, à Saumur, Pompadour, Le Pin, Le Lion d'Angers et ça c'est un très beau circuit ! Et puis en ce moment je pense qu'il y a des gaches, on traîne des idées sur l'écologie, le vert etc et je pense qu'une entreprise qui veut se faire de l'audience pourrait être attirée par le Complet. En plus on est à la fois pas un sport de "beauf"  mais pas non plus un sport un peu "bobo". Sur les complets le public est quand même très varié et ça c'est génial. On a un peu l'impression d'être dans un pub anglais avec le Lord et ses ouvriers qui sont ensemble autour d'une bière et ça je pense que c'est un vrai atout ! On a un inconvénient mais qui est peut-être aussi une qualité c'est la notion de risque, d'investissement physique, qu'on nous reproche souvent mais je pense que c'est un atout, un peu comme la montagne et la mer, ça a toujours fasciné aussi parce qu'il y a des risques. C'est vrai qu'en cso quand il y a un émirat arabe qui achète un cheval dix millions d'euros, qui monte n'importe comment et qui couche la piste, il n'y a que le cheval qui ramasse des barres. En complet, s'il fait la même chose peut-être qu'effectivement son cheval va ramasser mais lui à un moment il peut ramasser aussi. Certains peuvent trouver ça dommage mais c'est aussi une force. Je pense que le cso et le complet s'auto-alimentent, quand l'un va bien et se développe, l'autre suit également. Aujourd'hui certains pays en voie de développement n'ont pas les moyens de sortir en cso comme ont fait les pays arabes mais ils peuvent se rabattre sur le complet où on est un peu plus sur du travail et un investissement moins important. C'est pour ça que moi la partie entrainement, toucher l'international, ça m'attire, parce qu'aujourd'hui beaucoup de ces pays-là quand ils viennent ils atterrissent en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Angleterre alors il faut qu'on arrive à les accrocher ; on a en plus de beaux circuits. Maintenant il y a en plus des choses qui s'arrangent, on peut inscrire plus facilement les chevaux, avant on était dans un espèce de carcan maintenu par les Haras Nationaux mais aujourd'hui on peut commencer à faire des choses. Je trouve qu'on est la discipline qui a fait le plus d'efforts, qui a le plus changé même si à un moment on nous a fait faire des changements qui étaient de la bêtise, comme par exemple aux JO quand les épreuves individuelles et par équipes étaient séparées et qu'on se retrouvait carrément à monter deux cross avec notre cheval ; puis pour nous reprocher deux ans après que ça coûtait trop cher... Le fait de faire deux cso comme il y a eu à Londres c'est pas si mal, ça ne détériore pas tellement la discipline. Je pense qu'au niveau des évolutions il va y avoir surtout plus de communication sur les événements, pour se donner plus de moyens. Curieusement je pense que mettre de la dotation va donner de l'importance à la discipline. C'est un fait très anglo-saxon ; aux Etats-Unis par exemple si vous communiquez sur une épreuve importante vous allez mettre en avant sa dotation alors qu'en France c'est comme si on avait un peu honte qu'il y ait de la dotation. [caption id="attachment_68773" align="aligncenter" width="300"]Rodolphe et Makara à Caen - Equnews.fr / S.Renier Rodolphe et Makara à Caen - Equnews.fr / S.Renier[/caption] Par contre il faut faire très attention à préserver les formats longs parce que déjà c'est plus impressionnant mais aussi il y a une technique qui est bien meilleure pour les chevaux. Je vais schématiser mais sur un format long votre chronomètre vous sert à quelque chose alors que sur la plupart des CIC on pourrait même le supprimer puisque de toute façon personne n'est à l'heure. Dans les formats longs il y a un travail en amont, une gestion différente... En plus, plus on réduit les épreuves, plus les sauts sont rapprochés, plus on a l'impression que les chevaux ne fatiguent pas mais en fait on "use" presque plus de chevaux que sur des formats longs sur des CIC. Les formats longs imposent également que ce soit dans des endroits qui ont une certaine dimension et je pense que c'est quand même bien parce qu'il faut garder le côté grandiose et notre spécificité ; il ne faut pas que ça devienne un derby amélioré. Même si la qualité des chevaux s'est énormément améliorée, il faut garder justement une certaine longueur des tours pour que la partie préparation du cheval au niveau classe de galop et endurance reste importante. Ca nous permet de garder un élevage et un entrainement spécifiques. Si on ne garde pas cette longueur on va vouloir durcir les obstacles et on va avoir des problèmes. C'est comme en cso, s'ils supprimaient les guêtres postérieures ils pourraient mettre des parcours un peu moins difficiles pour les chevaux. Les 4* imposent une certaine préparation ce qui fait qu'on ne peut pas aller courir tous les week-ends si on vise le championnats de l'année. C'est ce qui fait que les champions de complet restent des galopeurs, les champions de cso des sauteurs etc. On garde ainsi une importance au facteur travail ce qui est très important. Le problème c'est qu'en réduisant la longueur des cross ça pousse les cavaliers à faire courir plus souvent leurs chevaux. Plus on est sur des formats longs, plus on est sur des préparations à long terme et plus on est sur des gestions de carrière et plus on fait attention aux chevaux. Même en cso, ceux qui sont toujours présents à haut-niveau c'est ceux qui ont cette gestion là. Au niveau des accidents je pense que plus le cross se courre vite et plus on a de problèmes. Parfois les tours où pour les cinq premiers ça se passe mal, il y a ensuite très peu de soucis. Soit tout le monde part avec l'objectif d'arriver au bout, soit tout le monde part en voulant être maxi et ce n'est pas la même course. Quand il y a de la distance à courir, il y a plus d'espace entre les obstacles ce qui fait que par exemple un double de pointe qui ne pose pas de problème en CIC peut en poser en CCI parce qu'il arrive après une grande galopade. Il faut continuer d'être très vigilant dans la construction ; avec les obstacles de sécurité il ne faut pas tomber non plus dans le ridicule. Ce qui fait que les cavaliers et les chevaux font attention c'est que les obstacles ne tombent pas. Par contre en France on a beaucoup perdu de terrains vallonnés ; Pompadour (assez valloné), à construction équivalente il y a plus d'incidents. Donc sans avoir besoin de mettre des obstacles plus difficiles, le vallonnement rend le parcours plus dur, ça pose des problèmes de gestion d'équilibre et du galop du cheval. Au niveau des règlements il y a de plus en plus de qualifications qui ont été mises en place pour changer de niveau ce qui oblige les gens à courir beaucoup plus. Par exemple moi maintenant, pour certains chevaux je dois choisir des épreuves parce que j'ai besoin des qualifications, alors que le cheval n'aurait pas forcément besoin de courir cette épreuve. Et on voit aussi que certains courent l'épreuve pour la qualification donc ils se mettent à optionner sur le cross pour être sans faute aux obstacles et avoir la qualification mais finalement ils ne sont pas si prêts que ça. On trouve aussi des chevaux qui tournent beaucoup trop avec en plus un manque de préparation. On tombe également dans une génération qui n'a pas connu le combiné où on devait avoir une vrai gestion de l'épreuve. On se retrouve aujourd'hui avec une génération qui n'a plus du tout la même approche et la même gestion. C'est ce qui fait aussi que les anciens sont toujours là. Il faut donc faire très attention à la gestion des chevaux, ce sont de vrais athlètes et il ne faut pas les faire tourner trop quand ils sont jeunes parce qu'après on se retrouve avec des chevaux usés qui ne peuvent plus aller au plus haut niveau. Donc en résumé il faut garder les formats longs, les épreuves appropriées, aller à l'étranger et sensibiliser les jeunes sur le résultat mais aussi sur la manière ! Merci à Aude et Rodolphe Scherer pour leur disponibilité !

A.L

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