Aussi pour faire revivre ces trois siècles d’histoire, les Grandes Écuries s’exprimeront et voici ce qu’elles pourraient raconter :
« Laissez nous vous conter notre incroyable histoire ! Nous : les Grandes Écuries de Chantilly, érigées, non pas comme de vils communs derrière le château, mais seules, fières, tel un palais.
Il faut dire que notre créateur, Louis-Henri de Bourbon n’était autre que le petit fils de Louis XIV par sa mère, Mademoiselle de Nantes, fille légitimée du roi Soleil et de madame de Montespan. Avec son immense fortune, Louis-Henri décide d’embellir son domaine de Chantilly. Ce grand geste s’effectue de façon tout à fait exceptionnelle, pour… les chevaux.
En 1719, il s’adresse à l’architecte Jean Aubert, ancien assistant de Jules Hardouin-Mansart pour nous ériger. Nous les Grandes Ecuries. Et depuis 300 ans, grâce à la folie de ce prince, à sa passion pour les chevaux, pour la chasse, nous sommes là, uniques, magnifiques, ostentatoires, au cœur de la ville et du Domaine de Chantilly. Notre tricentenaire méritait un spectacle … équestre bien entendu ! C’est désormais chose faite. Pendant plus d’une heure, sous notre somptueux dôme, nous vous conterons avec nos beaux chevaux les grandes étapes qui ont marqué notre histoire. Tout d’abord, en ce début du XVIIIème siècle, le travail au manège, effectué par les écuyers de Monsieur le duc, s’exerçant à la haute école sur leurs ravissants destriers, ou encore les départs de chasses et les fêtes somptueuses organisées en l’honneur de Sa Majesté Louis XV en 1722 ou pour celle du Comte du Nord, futur tsar Paul 1er venu nous rendre visite en 1782.
L’armée nous occupe pendant la Révolution et nous sauve d’un projet de destruction tandis que le château est décapité. Les premières courses de chevaux pur-sang apparaissent en 1834 et se courent sur notre pelouse. Depuis cette date, Chantilly est devenue la capitale mondiale de l’entrainement des chevaux de courses !
Grâce au duc d’Aumale, notre dernier propriétaire, nous avons l’honneur de recevoir l’impératrice Sissi, merveilleuse amazone, qui prend régulièrement des leçons haute-école avec la brillante écuyère Élisa Petzold. N’ayant pas de descendant, le duc nous lègue à l’Institut de France. Notre destin est scellé. Nous ne serons jamais vendues et l’Institut doit pourvoir à tous nos besoins.
Cette première moitié du vingtième siècle commence mal. Nous découvrons les chevaux vapeur pendant la Grande guerre en devenant le garage du QG du Maréchal Joffre. Pour la seconde guerre, l’armée allemande nous envahit. Il faut attendre 1947 pour retrouver enfin nos chevaux. Un cercle hippique chic s’installe avec, à sa tête, le Colonel Jousseaume, cinq fois médaillé aux Jeux Olympiques en dressage.
En 1982, Yves Bienaimé, ancien instructeur de ce fameux centre hippique réussit à convaincre l’Institut de France de créer le Musée Vivant du Cheval. Yves a une bonne idée : redonner au dôme sa vocation de manège et y créer des spectacles. Nous aimons ce faste d’antan qui revient. Pour fêter le bicentenaire de la Révolution, en 1789, il offre à l’Institut une copie de la statue de la Renommée détruite pendant cette sombre période. La silhouette des Grandes Écuries retrouve son apparence d’origine !
En 2006, une nouvelle page s’écrit. Des restaurations d’envergure s’amorcent grâce au dessein ambitieux du prince Aga Khan de redonner vie au Domaine de Chantilly. Des années de travaux qui inaugurent un nouveau musée du Cheval en 2013. Nos chevaux sont toujours là et les spectacles se poursuivent de plus belle sous le dôme restauré.
2019, nous y voilà. Nous qui avons tout vu, sommes passées du XVIIIe au XXIe siècle, avons su nous adapter à la modernité et sommes fières de notre singularité. Sans la folie du prince, et l’engouement de tous ceux qui nous ont possédées, se sont passionnés pour notre histoire, nous serions aujourd’hui oubliées. Et grâce à vous, cher public, qui venez nous visiter, nous vivons encore. » |
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