A l'aube de remettre (peut-être) en jeu son titre de Champion d'Europe acquis il y a deux ans à Herning, Roger-Yves Bost s'est livré à nous à l'occasion du Jumping de Chantilly. Le surnommé "Bosty", apprécié de tous les cavaliers et doté d'une notoriété croissante, semble, à 49 ans, motivé comme au premier jour pour poursuivre sa carrière au plus haut niveau...
Après avoir mis plusieurs chevaux à la retraite l'an dernier, de qui se compose votre piquet de chevaux aujourd'hui ?
J'ai Qoud'Coeur de la Loge qui est mon cheval de tête, Pégase du Mûrier est très bon aussi. Nippon d'Elle fait également régulièrement de grosses épreuves et j'ai aussi mes deux jeunes juments Sydney Une Prince et Sangria du Coty. Concernant Sangria, elle a moins de métier que les autres mais un bon potentiel et quant à Sydney, elle a vraiment bien progressé. On n'a pas fait beaucoup de concours mais elle a vraiment confiance maintenant. Il peut ensuite y avoir des petits coups de mou mais déjà quand un cheval fait Estoril aussi bien (17ème place avec un sans faute en première manche du Grand Prix, ndlr) c'est bon signe pour l'avenir. J'ai toujours aussi Nikyta d'Elle et Sunshine du Phare qui a 9 ans mais qui est un peu vert. Concernant ensuite les plus jeunes, j'ai un très bon cinq ans qui s'appelle Apollon des Baleines mais vu son âge il va falloir attendre et aussi un huit ans par Clinton. Cela me fait donc un piquet de chevaux assez fourni. Qoud'Coeur va aller à Hickstead et ensuite pourquoi pas les Championnats d'Europe s'il est sur une pente ascendante. Aix-la-Chapelle est une piste qui peut lui convenir, il y a bien sauté en mai. Pour Pégase, les petits soucis qu'il a eu (le cheval s'est cabré lors de plusieurs de ses tours récemment, ndlr) c'est parce qu'il en a un peu trop fait. Je vais refaire un ou deux concours en l'emmenant en deuxième cheval pour qu'il fasse un peu moins d'efforts les premiers jours surtout. Il faut qu'il rentre dans son concours avec du plaisir et ensuite ça va repartir tout seul. Cela me ferait donc au moins deux chevaux pour les Jeux Olympiques. Myrtille Paulois, retraitée depuis octobre, est quant à elle pleine de Vivaldo ! C'est une très bonne chose, on est content pour la première année. Elle va très bien, je prends des nouvelles d'elle régulièrement.Comment fonctionne l'écurie Roger-Yves Bost ?
J'ai mes chevaux de concours, mon fils travaille avec moi dans la société et il monte mes jeunes chevaux et les autres quand je ne suis pas là. Il a aussi Quartz de la Lande que je sors également de temps en temps en 5*. Ma fille est là aussi avec son mari. Ils sont plus axés sur le commerce et du coup ils voient des chevaux partout, font des vidéos, ils me montrent ceux qui sont bien, on les achète ensemble et on essaye de s'agrandir un petit peu. On travaille aussi avec mon frère et mes parents pour les concours par exemple. Je n'ai jamais vraiment eu envie de changer de système. Dans cette situation, quand je ne suis pas très bon en concours, les autres activités à côté, comme le coaching, compensent. Du coup je me partage entre la compétition, le coaching, le commerce et l'organisation de concours ce qui fait pas mal de choses. Et il faut continuer, je ne suis pas encore à la retraite ! [caption id="attachment_72972" align="aligncenter" width="2048"] Rares sont les concours où Bosty ne gagne pas au moins une épreuve ! Ici à Dinard en 2014 avec Nippon d'Elle - Equnews.fr / Maria Guinamant.[/caption]Quel cavalier vous a le plus marqué jusqu'ici ?
Quand j'étais jeune je préférais Franke Sloothaak et Frooman, j'ai aussi beaucoup regardé Nick Skelton et les Whitaker. Jean d'Orgeix m'a aussi beaucoup aidé surtout pour le travail sur le plat et l'équilibre des chevaux, quand je travaillais avec mon père. J'ai en fait plein de gammes différentes, comme ça en concours je peux en changer. Un peu comme les pianistes, je peux donc changer de gamme pendant le parcours selon la situation.En quoi le fait d'avoir des parents présents dans le milieu vous a aidé à construire votre carrière ?
Mon père a arrêté de monter en concours à 40 ans. Quand il avait un bon cheval il préférait le vendre pour acheter un morceau de terrain et développer ses écuries. Il a vraiment tout fait pour avoir ses propres installations. Et moi je suis arrivé, j'ai pu profiter de son expérience, il m'a prêté un ou deux de ses chevaux de vitesse pour prendre un peu de métier et après on a formé des chevaux ensemble, on en vendait et souvent j'avais un cheval de Grand Prix qu'on gardait pour que je puisse continuer de progresser. À l'époque, j'ai aussi eu la chance qu'on soit à côté de l'écurie fédérale qui était à Fontainebleau. Cela m'a permis de faire des stages avec les meilleurs cavaliers français et du coup cela fait progresser encore plus vite. Quand on travaille avec des "mauvais" on ne progresse pas mais c'est les bons qui nous tirent vers le haut. Même aujourd'hui en étant en 5* tous les week-end on fait des progrès parce qu'on est au milieu des Scott Brash, Bertram Allen etc. et on prend des petits "trucs" à tous ces cracks. Il faut essayer de rester dans le bain du 5*, surtout qu'à force notre œil se fait et cela devient moins dur.Comment cela se passe-t-il avec vos enfants, Clémentine et Nicolas, qui travaillent aussi dans ce milieu ?
Ils savent que ce n'est pas si simple que ça d'avoir un papa qui gagne beaucoup ; tout le monde les regarde en disant "il monte moins bien". Après il faut que je leur trouve des chevaux mais les gens sont un peu durs avec eux. Ils savent qu'il faut former des chevaux jeunes pour en avoir des bons. De temps en temps ils ont une opportunité de garder un cheval de Grand Prix comme mon fils qui a en ce moment Quartz ou ma fille qui a eu Once de Kreisker pendant quelques temps. Mais ils sont conscients que c'est sur de courtes périodes parce que moi je ne peux pas acheter ces chevaux-là. Eux ils peuvent se les former avec moi mais on ne peut pas se les acheter déjà faits. Alors qu'il y a 20 ans, il y avait moins de monde qui montait, du coup les chevaux de Grand Prix allaient presque automatiquement chez les bons cavaliers. Aujourd'hui il y a tellement d'amateurs, d'épreuves 2* etc. que les gens les gardent. Mais mes enfants savent que c'est comme ça, ils vont gagner de l'argent en vendant, en faisant du coaching etc. [caption id="attachment_72973" align="aligncenter" width="960"] Roger-Yves Bost est aussi caractérisé par sa bonne humeur constante - Equnews.fr / Lucas Tracol[/caption]Cela fait bientôt deux ans que vous avez obtenu votre titre de Champion d'Europe, qu'est-ce que cette victoire a changé chez vous ?
Je ne sais pas si j'arriverai à faire aussi bien... Après le titre on relativise un peu, quand on fait une bêtise on se dit "ce n'est pas très grave, j'ai gagné ça déjà" mais après il faut se redonner des objectifs assez rapidement, reformer des chevaux. J'ai eu la chance que Qoud'Coeur prenne le relais de Myrtille assez vite. Même quand je monte un 5 ans qui est exceptionnel je me fais plaisir, c'est important de continuer à former. Après il faut gagner devant les bons, ce n'est pas si facile. J'ai vu les choses un peu différemment après mon titre mais ça fait longtemps que je fais ce métier, il faut rester motivé, ne rien lâcher. Là on a Aix, ensuite Rio, Bromont en 2018... même pour les propriétaires c'est important de se projeter ; quand on leur dit "on achète un cheval pour faire ça" ça les motive !Comment cela se passe-t-il avec Philippe Guerdat, entraîneur et sélectionneur de l'équipe de France depuis plusieurs années maintenant ?
Il a beaucoup d'expérience, il connait les chevaux, il ne veut pas de surprise. Par contre il veut voir pas mal de cavaliers différents, il donne sa chance aux jeunes et ça c'est bien. Pour les plus expérimentés il sait comment on fonctionne, on n'a pas de langue de bois avec lui. À la fin de toute façon il veut une médaille donc il voudra les meilleurs cavaliers. [caption id="attachment_72974" align="aligncenter" width="2048"] Le patron des Bleus, Philippe Guerdat, accompagné par Sophie Dubourg, DTN, avant l'entrée en piste de Bosty et Pégase dans la Coupe des Nations de Rotterdam - Equnews.fr / Leon Maskens[/caption]A l'aube de remettre (peut-être) en jeu son titre de Champion d'Europe acquis il y a deux ans à Herning, Roger-Yves Bost s'est livré à nous à l'occasion du Jumping de Chantilly. Le surnommé "Bosty", apprécié de tous les cavaliers et doté d'une notoriété croissante, semble, à 49 ans, motivé comme au premier jour pour poursuivre sa carrière au plus haut niveau...
Après avoir mis plusieurs chevaux à la retraite l'an dernier, de qui se compose votre piquet de chevaux aujourd'hui ?
J'ai Qoud'Coeur de la Loge qui est mon cheval de tête, Pégase du Mûrier est très bon aussi. Nippon d'Elle fait également régulièrement de grosses épreuves et j'ai aussi mes deux jeunes juments Sydney Une Prince et Sangria du Coty. Concernant Sangria, elle a moins de métier que les autres mais un bon potentiel et quant à Sydney, elle a vraiment bien progressé. On n'a pas fait beaucoup de concours mais elle a vraiment confiance maintenant. Il peut ensuite y avoir des petits coups de mou mais déjà quand un cheval fait Estoril aussi bien (17ème place avec un sans faute en première manche du Grand Prix, ndlr) c'est bon signe pour l'avenir. J'ai toujours aussi Nikyta d'Elle et Sunshine du Phare qui a 9 ans mais qui est un peu vert. Concernant ensuite les plus jeunes, j'ai un très bon cinq ans qui s'appelle Apollon des Baleines mais vu son âge il va falloir attendre et aussi un huit ans par Clinton. Cela me fait donc un piquet de chevaux assez fourni. Qoud'Coeur va aller à Hickstead et ensuite pourquoi pas les Championnats d'Europe s'il est sur une pente ascendante. Aix-la-Chapelle est une piste qui peut lui convenir, il y a bien sauté en mai. Pour Pégase, les petits soucis qu'il a eu (le cheval s'est cabré lors de plusieurs de ses tours récemment, ndlr) c'est parce qu'il en a un peu trop fait. Je vais refaire un ou deux concours en l'emmenant en deuxième cheval pour qu'il fasse un peu moins d'efforts les premiers jours surtout. Il faut qu'il rentre dans son concours avec du plaisir et ensuite ça va repartir tout seul. Cela me ferait donc au moins deux chevaux pour les Jeux Olympiques. Myrtille Paulois, retraitée depuis octobre, est quant à elle pleine de Vivaldo ! C'est une très bonne chose, on est content pour la première année. Elle va très bien, je prends des nouvelles d'elle régulièrement.Comment fonctionne l'écurie Roger-Yves Bost ?
J'ai mes chevaux de concours, mon fils travaille avec moi dans la société et il monte mes jeunes chevaux et les autres quand je ne suis pas là. Il a aussi Quartz de la Lande que je sors également de temps en temps en 5*. Ma fille est là aussi avec son mari. Ils sont plus axés sur le commerce et du coup ils voient des chevaux partout, font des vidéos, ils me montrent ceux qui sont bien, on les achète ensemble et on essaye de s'agrandir un petit peu. On travaille aussi avec mon frère et mes parents pour les concours par exemple. Je n'ai jamais vraiment eu envie de changer de système. Dans cette situation, quand je ne suis pas très bon en concours, les autres activités à côté, comme le coaching, compensent. Du coup je me partage entre la compétition, le coaching, le commerce et l'organisation de concours ce qui fait pas mal de choses. Et il faut continuer, je ne suis pas encore à la retraite ! [caption id="attachment_72972" align="aligncenter" width="2048"] Rares sont les concours où Bosty ne gagne pas au moins une épreuve ! Ici à Dinard en 2014 avec Nippon d'Elle - Equnews.fr / Maria Guinamant.[/caption]Quel cavalier vous a le plus marqué jusqu'ici ?
Quand j'étais jeune je préférais Franke Sloothaak et Frooman, j'ai aussi beaucoup regardé Nick Skelton et les Whitaker. Jean d'Orgeix m'a aussi beaucoup aidé surtout pour le travail sur le plat et l'équilibre des chevaux, quand je travaillais avec mon père. J'ai en fait plein de gammes différentes, comme ça en concours je peux en changer. Un peu comme les pianistes, je peux donc changer de gamme pendant le parcours selon la situation.En quoi le fait d'avoir des parents présents dans le milieu vous a aidé à construire votre carrière ?
Mon père a arrêté de monter en concours à 40 ans. Quand il avait un bon cheval il préférait le vendre pour acheter un morceau de terrain et développer ses écuries. Il a vraiment tout fait pour avoir ses propres installations. Et moi je suis arrivé, j'ai pu profiter de son expérience, il m'a prêté un ou deux de ses chevaux de vitesse pour prendre un peu de métier et après on a formé des chevaux ensemble, on en vendait et souvent j'avais un cheval de Grand Prix qu'on gardait pour que je puisse continuer de progresser. À l'époque, j'ai aussi eu la chance qu'on soit à côté de l'écurie fédérale qui était à Fontainebleau. Cela m'a permis de faire des stages avec les meilleurs cavaliers français et du coup cela fait progresser encore plus vite. Quand on travaille avec des "mauvais" on ne progresse pas mais c'est les bons qui nous tirent vers le haut. Même aujourd'hui en étant en 5* tous les week-end on fait des progrès parce qu'on est au milieu des Scott Brash, Bertram Allen etc. et on prend des petits "trucs" à tous ces cracks. Il faut essayer de rester dans le bain du 5*, surtout qu'à force notre œil se fait et cela devient moins dur.Comment cela se passe-t-il avec vos enfants, Clémentine et Nicolas, qui travaillent aussi dans ce milieu ?
Ils savent que ce n'est pas si simple que ça d'avoir un papa qui gagne beaucoup ; tout le monde les regarde en disant "il monte moins bien". Après il faut que je leur trouve des chevaux mais les gens sont un peu durs avec eux. Ils savent qu'il faut former des chevaux jeunes pour en avoir des bons. De temps en temps ils ont une opportunité de garder un cheval de Grand Prix comme mon fils qui a en ce moment Quartz ou ma fille qui a eu Once de Kreisker pendant quelques temps. Mais ils sont conscients que c'est sur de courtes périodes parce que moi je ne peux pas acheter ces chevaux-là. Eux ils peuvent se les former avec moi mais on ne peut pas se les acheter déjà faits. Alors qu'il y a 20 ans, il y avait moins de monde qui montait, du coup les chevaux de Grand Prix allaient presque automatiquement chez les bons cavaliers. Aujourd'hui il y a tellement d'amateurs, d'épreuves 2* etc. que les gens les gardent. Mais mes enfants savent que c'est comme ça, ils vont gagner de l'argent en vendant, en faisant du coaching etc. [caption id="attachment_72973" align="aligncenter" width="960"] Roger-Yves Bost est aussi caractérisé par sa bonne humeur constante - Equnews.fr / Lucas Tracol[/caption]Cela fait bientôt deux ans que vous avez obtenu votre titre de Champion d'Europe, qu'est-ce que cette victoire a changé chez vous ?
Je ne sais pas si j'arriverai à faire aussi bien... Après le titre on relativise un peu, quand on fait une bêtise on se dit "ce n'est pas très grave, j'ai gagné ça déjà" mais après il faut se redonner des objectifs assez rapidement, reformer des chevaux. J'ai eu la chance que Qoud'Coeur prenne le relais de Myrtille assez vite. Même quand je monte un 5 ans qui est exceptionnel je me fais plaisir, c'est important de continuer à former. Après il faut gagner devant les bons, ce n'est pas si facile. J'ai vu les choses un peu différemment après mon titre mais ça fait longtemps que je fais ce métier, il faut rester motivé, ne rien lâcher. Là on a Aix, ensuite Rio, Bromont en 2018... même pour les propriétaires c'est important de se projeter ; quand on leur dit "on achète un cheval pour faire ça" ça les motive !Comment cela se passe-t-il avec Philippe Guerdat, entraîneur et sélectionneur de l'équipe de France depuis plusieurs années maintenant ?
Il a beaucoup d'expérience, il connait les chevaux, il ne veut pas de surprise. Par contre il veut voir pas mal de cavaliers différents, il donne sa chance aux jeunes et ça c'est bien. Pour les plus expérimentés il sait comment on fonctionne, on n'a pas de langue de bois avec lui. À la fin de toute façon il veut une médaille donc il voudra les meilleurs cavaliers. [caption id="attachment_72974" align="aligncenter" width="2048"] Le patron des Bleus, Philippe Guerdat, accompagné par Sophie Dubourg, DTN, avant l'entrée en piste de Bosty et Pégase dans la Coupe des Nations de Rotterdam - Equnews.fr / Leon Maskens[/caption]