Douzième en individuel aux Jeux Olympiques de Londres, vice champion du monde par équipes aux Jeux Équestres Mondiaux de Lexington en 2010, vainqueur du Grand Prix de Wiesbaden en 2012, Olivier Guillon a su s'inscrire comme un pilier de l'équipe de France avec Lord de Theizé, qui a connu il y a quelques mois maintenant une petite baisse de forme. Comme tout cavalier de haut niveau, il a donc dû se reformer un piquet de montures de niveau 5* et revient aujourd'hui sur la scène internationale avec deux neuf ans prometteurs. C'est à Bourg-en-Bresse que nous sommes donc allés à sa rencontre pour savoir où en était le cavalier normand.  

Vous avez vécu deux années qui devaient être relativement compliquées avec la déconvenue de Lord de Theizé, votre ancien cheval de tête, sur vos derniers gros parcours. Pouvez-vous nous dresser un bilan de cette période ?

Ce qui m'est arrivé fait partie de la vie de tout cavalier. Aujourd'hui pour faire du très grand sport, nous avons besoin de très bons chevaux  mais avant tout, prêts pour le haut niveau. En effet, en plus d'avoir l'impératif d'être sans-faute dans des concours 4 ou 5*, il faut maintenant avoir également des montures rapides pour avoir des résultats. De plus, le système que l'on connaît aujourd'hui nous demande d'avoir un piquet de chevaux étoffé pour rester dans les meilleurs mondiaux. Je fais donc ceci et reconstruis un chemin pour retourner sur les meilleurs concours avec notamment deux chevaux de neuf ans ici (à Bourg-en-Bresse, ndlr) et puis quelques jeunes chevaux à la maison.  

Vous avez donc deux chevaux de neuf ans que vous préparez depuis quelques années maintenant : Silver Deux de Virton *HDC (Kashmir van Schuttershof / Heartbreaker) et Serise du Bidou (Gin Tonic Star / Fusain du Defey). Pouvez-vous nous en parler ?

Serise est de plus en plus régulière sur des hauteurs à 145-150 cm. À Fontainebleau, elle était sans-faute dans le Grand Prix 2* ainsi que dans la qualificative. Quant à Silver, c'est un cheval au gros potentiel pour sauter haut mais qui est encore chaud voire électrique parfois. Il est sur une bonne trajectoire et est en train d'évoluer même si à neuf ans, il a encore le temps pour cela. Je l'ai eu à la fin de son année de six ans mais il n'avait pas concouru pendant ce millésime. J'ai donc l'impression d'avoir un cheval de huit ans dans les mains car il a malgré tout engendré un peu de retard. De plus, Silver a beaucoup de tempérament et de sang, ce qui est bien pour la suite au niveau de la difficulté des concours. Pour l'instant comme il est jeune, c'est plutôt un handicap car il a besoin de se mécaniser et de répéter les exercices. Bourg-en-Bresse est son premier Grand Prix 4* (l'interview a été réalisée avant le Grand Prix, ndlr) et j'espère bien courir sur une ou deux pistes 5* cet été.   [caption id="attachment_72602" align="alignnone" width="4378"]Olivier & Serise du Bidou Olivier & Serise du Bidou[/caption]

Il y a quelques années maintenant, l'association de cavaliers et propriétaires JumpFive annonçait une collaboration dont vous faites partie. Cependant, vous êtes resté dans vos écuries et disposez de différents propriétaires. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce partenariat ?

J'ai beaucoup de chevaux dans mes écuries avec environ dix propriétaires différents en plus de mes clients qui sont eux-mêmes propriétaires de leurs chevaux et qui viennent monter à la maison pour s'entrainer. Concernant Jump Five, j'ai préféré rester chez moi. J'ai une propriété dans laquelle on a investi il y a une dizaine d'années maintenant avec des propriétaires qui me sont fidèles depuis tout ce temps. De plus, j'ai ma famille avec moi et je me sens très bien dans mes écuries. Cela n'empêche pas pour autant de travailler avec Armand et Emmanuelle (Perron-Pette, ndlr). J'organise par exemple des stages en hiver, que ce soit dans les installations du Haras des Coudrettes ou bien dans les miennes. L'avantage des clients à la maison est le fait que je puisse les faire travailler régulièrement avec moi. La configuration qui s'est aujourd'hui développée sur les terrains des gros concours (c'est-à-dire qu'un CSI amateur, 1* ou 2* est souvent organisé en parallèle sur le même lieu) me permet également de pouvoir les emmener et les coacher en même temps que je concoure. Cela leur permet aussi de monter sur de très belles pistes et de regarder les meilleurs cavaliers pour prendre de l'expérience à pied. C'est un système que je trouve très bien fait puisqu'il nous permet de réaliser notre sport tout en nous permettant de gagner notre vie.  

Maintenant que vos chevaux ont pris de la maturité, quels sont vos prochains objectifs avec eux ?

L'objectif est que Silver Deux de Virton *HDC et Serise du Bidou continuent de progresser. A priori, je devrais pouvoir participer à deux CSI 5* cet été, ceux de Chantilly et Dinard au mois de juillet, ce qui relève d'un premier objectif avec ces deux chevaux. Le but maintenant est de répéter les bonnes performances que j'ai pu réaliser, notamment avec Silver Deux de Virton *HDC. Le cheval a fait un très bon début de saison en étant sans-faute dans quatre des cinq Grands Prix auxquels il participait.  

Lord de Theizé vous a apporté de très beaux titres à votre palmarès mais avait connu quelques déconvenues après Aix La Chapelle 2013. Que devient-il aujourd'hui ?

Lord de Theizé va bien. Je le sors environ une fois par mois en concours mais je ne veux plus lui demander d'efforts. J'essaye de lui trouver des pistes qui lui conviennent (c'est-à-dire assez grandes) et qu'il apprécie, sur des hauteurs à 145 - 150 cm. Le but est qu'il garde un très bon moral, ce qui est le cas. Quand il part en concours, il est toujours très heureux de monter dans le camion et d'y aller. Le tout est de ne pas l'arrêter d'un coup. Les chevaux sont comme nous quelque part : si j'arrête les concours demain, je pense que je tournerais en rond (rires, ndlr).   [caption id="attachment_72621" align="alignnone" width="2048"]Olivier Guillon & Lord de Theize aux Jeux Olympiques. Copyright : Léon Maskens Olivier Guillon & Lord de Theize aux Jeux Olympiques. Copyright : Léon Maskens[/caption]

Enfin si vous deviez monter aujourd'hui un cheval qui circule actuellement au plus haut niveau, qui serait-ce ?

Un seul ne suffirait pas, il me faudrait un camion (rires, ndlr) ! Plus sérieusement, je pense que ce serait Quickly de Kreisker. Il fait partie de ces chevaux qui ont une intelligence de la barre et qui ont le potentiel pour sauter les plus gros parcours. C'est le genre de cheval qui a une capacité d'intelligence et une rapidité d'exécution très forte. C'est l'exemple même du cheval moderne aujourd'hui et c'est tout à fait normal qu'il fasse partie des meilleurs chevaux au monde. Photo : Olivier Guillon & Silver Deux de Virton *HDC. Copyright : Maxence Magnin - Equnews