Philippe Rozier : "Quarante ans jour pour jour après son père, c’est un beau récit".

Philippe Rozier : "Quarante ans jour pour jour après son père, c’est un beau récit".

Champion olympique par équipes cet été lors des Jeux Olympiques de Rio en saut d’obstacles, Philippe Rozier réalisait l’exploit de remporter le Graal quarante ans après son père, lui aussi médaillé d’or. Membre de l’équipe de France avec Rahotep de Toscane mais également entraineur du Maroc, le cavalier de Bois le Roi est sur tous les fronts et nous a dressé un bilan lors du Morocco Royal Tour. 


Vous avez écopé de scores lourds avec votre cheval Rahotep de Toscane à la finale Coupe des Nations alors que la France était annoncée comme favorite. Comment expliquez-vous cette contre-performance ?


« Je pense que les quatre chevaux présents aux Jeux Olympiques n’étaient pas totalement remis de leur championnat lors de la finale Coupe des Nations. Rahotep n’avait pas ressauté depuis Rio et avec la pression qui est retombée, il était moins bon. Maintenant, nous devons nous concentrer sur l’étape Coupe du Monde de Lyon qui est notre prochain objectif.


Comment se passe le retour d’un champion olympique en France ?


« Cela change beaucoup de choses. Le regard des autres, Français ou étrangers, change automatiquement. C’est un titre que l’on gardera jusqu’à la fin de nos jours. Certaines personnes à qui je donnais des cours n’osaient même plus me rappeler de peur que cela modifie nos façons de faire mais c’est justement ce que je ne veux pas. Je ne veux pas changer ma vie ni ma façon d’être pour un titre olympique. »


À peine rentré de Rio, vous avez été mandaté sur de nombreux médias. Comment avez-vous géré cette exposition ? 


« Cela fait trente ans que je suis dans le circuit donc je suis habitué à ce genre de choses. Ce n’était pas mon premier championnat puisque ces Jeux Olympiques étaient mes cinquièmes, donc je suis assez à l’aise avec les médias. J’ai peut-être été plus sollicité que mes coéquipiers par rapport à l’histoire qui nous lie mon père et moi. Être champion olympique quarante ans jour pour jour après son père, c’est un beau récit que les médias apprécient et qui est unique. De plus, je partais en tant que réserviste et les péripéties que nous avons tous rencontrées appuyaient cette histoire. En tout cas, ça ne me dérange pas d’être exposé médiatiquement car il faut faire véhiculer des messages, des émotions. »


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Pouvez-vous nous dresser un bilan de votre deuxième casquette, celle d’entraineur du Maroc ? 


« L’équipe va bien, cela fait maintenant quatre ans que je les entraine donc cela fait un peu d’expérience. Au début c’était un peu dur mais maintenant, le système est très professionnel et les cavaliers ont pris de la maturité dans tous les sens du terme, que ce soit au niveau de l’organisation, des soins des chevaux, au niveau de la fédération et même des cavaliers. Maintenant, nous ne sommes pas suréquipés en montures comme d’autres pays peuvent se le permettre donc nous avons notre propre système avec de jeunes chevaux et nous préparons l’avenir avec la fédération doucement mais sûrement. Comme je dis, il faut d’abord préparer les pilotes et ensuite les chevaux car si nous n’avons pas de pilotes, nous n’aurons pas de résultats et tout sera cassé. Les cavaliers sont très investis et motivés, c’est déjà une grande chose. »


Quelle est la suite du programme pour Rahotep ? 


« Rahotep continuera la saison indoor. Il prendra part au CSI 5*-W de Lyon tout d’abord et nous verrons ensuite. En tout cas, il ne saillira pas. Il a déjà son propre frère, Jadis de Toscane que je montais auparavant, qui saillit. J’aurais peur que physiquement, il ne tienne pas le coup et que ce soit trop de lui faire combiner ces deux carrières différentes. Il se consacrera donc uniquement au sport. »


Enfin, que pensez-vous de cette tournée du Morocco Royal Tour ? 


« En tant que sélectionneur, elle m’apporte beaucoup car elle met mes cavaliers en situation. J’ai pour habitude d’en emmener quelques-uns en France pour prendre de l’expérience mais les autres restent au Maroc. Ici, je peux en voir évoluer une quinzaine dans le CSI 3* et et une vingtaine dans le CSI 1*. Ils peuvent ainsi prendre de l’expérience et s’endurcir contre la concurrence qui est plus importante que lors des concours nationaux. Ils sont dans un système différent et observent comment les cavaliers européens évoluent dans leur monte, le travail des chevaux, etc. Sur une semaine, ça ne marcherait pas, les trois semaines sont vraiment indispensables. Pour moi, cela me permet de faire sauter les chevaux que je ne peux faire tourner sur les CSI 5* avec mes montures de tête et je peux donc donner du repos à ces dernières. »


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