Jérôme Guery - "On ne peut jamais trop prévoir ce qu'il va arriver"

Jérôme Guery - "On ne peut jamais trop prévoir ce qu'il va arriver"
S'il fallait citer les cavaliers en forme du moment, Jérôme Guery apparaîtrait très logiquement dans le haut de cette liste. A tout juste 35 ans, il connaît certainement l'une des saisons les plus fructueuses de sa carrière... Avec notamment son cheval de tête Papillon Z formé par son très bon ami Rik Hemeryck il est sur un nuage et espère ne pas en descendre de si tôt ! Rencontre avec le belge qui nous a accordé quelques minutes à l'occasion du Jumping de Dinard.

Pouvez-vous revenir sur vos derniers résultats ?


Ça a commencé après le Sunshine Tour dès que Papillon Z est arrivé aux écuries. Notre premier concours a été à Lanaken où on a appris à se découvrir mais on était déjà quatrième du premier Grand Prix qu'on faisait ensemble. Deux semaines après, à Lummen, il gagne l'épreuve d'ouverture et le Grand Prix donc on était déjà sur une bonne lancée. On s'est un peu demandé si c'était un coup de chance parce qu'on avait eu un petit "couac" avant le début du barrage. On part à Drammen, on gagne la Coupe des Nations, ensuite on va à Sopot, il est de nouveau double sans faute dans la Coupe... En parallèle Zojasper est rentré dans mon écurie, c'est un cheval très compétitif. Et c'est sûr que quand on a un cheval de tête qui tourne bien, on est motivé à faire bien aller les autres chevaux aussi. Zojasper réagit super bien également, il est vraiment super dans les vitesses à 1,45m - 1,50m. Knokke est ensuite arrivé où j'ai gagné le Grand Prix encore avec Papillon. Concernant la Porsche que j'ai gagné, je vais malheureusement devoir la vendre puisque le contrat avec les propriétaires du cheval est qu'on se partage les gains en deux et c'est difficile de couper une voiture en deux... On a enchaîné sur Mons ensuite. Ce n'est pas dans mes habitudes de faire courir à mes chevaux deux concours à la suite parce que j'essaye vraiment de bien les gérer mais c'était deux concours importants à mes yeux, Knokke un 5* et Mons parce que c'est dans ma région la Wallonie. Papillon y a juste fait une petite épreuve et le Grand Prix qu'il gagne de nouveau... Upper Star, un de mes anciens chevaux, est revenu aussi il y a quelques jours. J'ai repris mes repères avec lui, il n'est pas tout à fait comme je l'avais connu mais ça reste le même cheval. A Fontainebleau il est directement deuxième de sa première épreuve ranking, double sans faute dans le Grand Prix, ici quatrième le premier jour, sans faute dans le derby alors que ce n'est pas une épreuve qu'il a l'habitude de faire. En ce moment tout va bien !

Quels sont les objectifs maintenant pour les prochaines semaines ?


Les Championnats d'Europe ne sont pas du tout un objectif. On en a parlé avec Dirk et, certes, si on se base sur les résultats j'aurais ma place avec Papillon mais maintenant il y a des couples plus expérimentés dans les Coupes des Nations. Si jamais il a besoin de moi je suis là mais normalement je ne ferai pas partie de l'équipe. Et le propriétaire de Papillon a toujours été bien clair, l'objectif est de le vendre. Moi c'est sûr que j'aimerais le garder mais bon c'est son objectif et je pense que d'ici la fin de l'année ce sera fait. Pour Upper Star c'est nouveau donc avec Luciana Diniz on en discute, il n'y a pas d'objectif très clair si ce n'est le faire tourner au mieux. J'ai un bon piquet de chevaux, chaque concours on a envie de bien faire. Le prochain sera à Gijon normalement, on va voir avec Dirk ce qui est le mieux. J'aimerais bien aller au moins une fois à Calgary alors on verra si ça se fait cette année. J'ai deux très très bons huit ans : Famoso d'Ive Z, par Air Jordan qui a déjà gagné un Grand Prix 2*  et Boyfriend du Seigneur qui est le frère utérin de Tic Tac du Seigneur avec qui j'ai gagné les Championnats de Belgique. En fait quand j'ai commencé l'année au Sunshine Tour, je pensais faire ma saison en 2* ou 3* parce que je n'avais que des huit ans. Et puis les autres chevaux sont arrivés et le programme a changé. Dans les chevaux c'est un peu ça, on ne peut jamais trop prévoir ce qu'il va arriver et il suffit qu'un bon cheval arrive pour changer la donne. Je pensais avoir une année calme et au final je n'ai jamais eu une aussi bonne année que celle-ci.

Comment êtes-vous organisé ?


Ma femme travaille aussi avec moi, elle était ici avec un 6 ans, un 7 ans et un 8 ans. Patricia s'occupe principalement des jeunes jusque 8 ans et puis après une fois qu'ils ont l'expérience ils passent dans mon piquet. On est une bonne équipe, j'ai une cavalière maison aussi qui monte très bien sur le plat, on a aussi une bonne équipe de grooms. On travaille tous dans la même direction, dans le respect du cheval et d'aller au rythme des chevaux. On essaye vraiment d'adapter le travail à chaque cheval, on essaye d'être à leur écoute. Ca fait maintenant 7 ans qu'on a construit nos écuries avec mon épouse, tout près de Waterloo. On a une trentaine de boxes, tout est sur place, manège, piste extérieur etc. J'ai cinq boxes que je loue à un cavalier avec qui je fais un peu de commerce, Nicolas Mignon qui monte en 2*, et sinon le reste des boxes sont pour mes chevaux. J'ai très peu de propriétaires mais j'ai beaucoup de gens avec qui je partage des parts dans des chevaux. Pour Papillon, Zojasper et Upper ce sont des propriétaires mais c'est un peu nouveau, jusqu'ici j'avais au moins une part dans les chevaux que je montais. Maintenant ça me va aussi très bien que l'on m'en confie.

Que pensez-vous de l'équipe belge ?


 

La Belgique est un petit pays mais très dynamique. On a un très bon élevage, des cavaliers de qualité, de jeunes cavaliers bien motivés, on a des anciens aussi très bons. Moi je suis peut-être un peu entre les deux, je ne suis plus si jeune mais pas non plus dans l'ancienne génération. Je pense qu'on tire bien notre épingle du jeu. On a un super chef d'équipe, Dirk Demeersman qui est un ami et était un super cavalier. En fait ce n'est pas vraiment un chef, c'est plus un copain qui nous donne des conseils et puis il fait les bons choix. Il sort de sa carrière de cavalier alors il sait ce que c'est le sport. On a une très très bonne relation, je pense que tous les cavaliers le diront, il nous appelle etc, le contact est très très bon avec Dirk. Les résultats sont là en plus...  C'est très agréable de travailler avec lui.

Qu'est-ce que cela fait d'avoir ses enfants à ses côtés en concours ?


C'est agréable d'avoir toute la famille avec moi au concours. Ils étaient déjà là à Knokke, aussi à Lummen. Ici Dinard c'est un concours que j'aime particulièrement, c'est un concours aussi un peu vacances de part sa situation dans le calendrier et parce qu'on est près de la plage. C'était donc chouette de venir avec les enfants ici. Chaque année j'essaye de venir, c'est un concours que j'aime vraiment, avec une des plus belles pistes d'Europe. Mathieu (son fils le plus âgé, ndlr) monte déjà à cheval, il a son stage de poney la semaine prochaine. Ils ont chacun leur poney, le plus petit monte gentiment mais le grand commence un peu à sortir en concours. Le rêve de tout cavalier père est forcément d'avoir un enfant qui prenne ensuite la relève. Ce sera un peu plus facile que moi puisque les bases auront été construites.

 

Quel cheval rêveriez-vous de monter ?


C'est difficile à dire parce que par exemple quand Papillon est arrivé dans mes écuries je ne rêvais pas forcément de le monter et puis finalement ça fonctionne très bien donc je ne peux pas dire qu'il y a un cheval que j'aimerais monter plus qu'un autre. En tout cas c'est un couple qu'on fait et tous les chevaux qui ont le déclic avec moi je rêverais de les monter donc à l'avance je ne peux pas vous dire celui là ou plus un autre. C'est sûr que tous ceux qu'on voit s'illustrer tous les week-ends on rêve de les monter mais ce ne sont pas ces chevaux-là qui viennent chez moi mais plus d'autres qui ont besoin encore d'être formés. J'ai un cheval très spécial dans mes écuries, une fille de Flora de Mariposa de 7 ans, Ilena de Mariposa. Elle est extraordinaire, comme sa mère très délicate mais très respectueuse avec beaucoup de moyens. Je pense que je n'ai jamais monté un cheval aussi bon, je fonde beaucoup d'espoirs en elle...

Photo : Jérôme et Papillon Z à Dinard - Equnews.fr / Maria Guinamant.