Eugénie Angot : "J'ai eu beaucoup de chance"

Eugénie Angot : "J'ai eu beaucoup de chance"
Fille de Michel Legrand, célèbre compositeur, Eugénie Angot a su tout au long de sa carrière gravir les échelons pour arriver au sommet. Cavalière de l'équipe de France depuis maintenant de longues années, l'amazone tricolore a fait parler d'elle régulièrement cette année suite à la vente de ses deux chevaux de tête Old Chap Tame et Davendy S (vendue il y a quelques jours à Jessica Springsteen, interview ici). Elle s'est donc confiée à notre équipe lors du Jumping de Chantilly pour dresser un bilan de sa carrière et de sa saison 2013-2014.

Vous avez vendu Old Chap Tame après Équita Lyon, votre cheval de tête qui pouvait vous faire prétendre à une sélection aux JEM. Comment avez-vous vécu cette saison 2013-2014 sans lui ?

J'ai très bien vécu cette saison. Ma deuxième jument (Davendy S) a très bien pris le relais et je savais que je n'avais plus aucune chance pour les Jeux Équestres Mondiaux. La vente d'Old Chap Tame était prévue, c'est mon métier et j'ai toujours fonctionné comme cela. Vendre des chevaux n'est pas une surprise, c'est quelque chose que j'aime. Je les prépare et les emmène au plus haut niveau depuis que je suis toute petite et je pense que cela fonctionne bien. Je n'ai donc en aucun cas mal vécu cette saison, bien au contraire.



Quel bilan tirez-vous de vos performances avec vos autres chevaux et sur votre carrière ?

Relativement bien ! Je me suis bien amusée et je pense qu'il y a un temps pour tout. Je pense avoir eu beaucoup de chance tout au long de ma vie. J'ai eu de très bons chevaux, j'ai pris beaucoup de plaisir, j'ai gagné beaucoup de choses et j'en ai profité. Après la vente d'Old Chap Tame, il y a un moment où il faut se dire que la carrière est derrière nous et comme je l'ai dit : il y a un temps pour tout. Si je retrouve un très bon cheval, on avisera mais rien n'est sûr dans la vie. Maintenant je profite du travail que j'ai pu réaliser et de toutes ses retombées positives. Pour ce qui est des performances, je me suis fait plaisir avec Davendy. J'ai pu disputer les concours qui me plaisaient et qui me faisaient envie et je me suis régalée comme c'était le cas au CSI 3* de Lyon (troisième dans le Grand Prix). Maintenant il y a un moment où l'on se dit que l'on ne peut pas faire cela tout le temps et qu'il faut être raisonnable. Il faut continuer à gagner sa vie et malheureusement le programme qui se profile est moins attractif donc il faut savoir saisir les opportunités qui se présentent. En aucun cas je ne suis cependant négative ou péjorative, au contraire. Comme je l'ai dit, j'ai eu beaucoup de chance et de chevaux dans ma vie. Certains ont été vendus, d'autres exploités, d'autres sont restés chez moi car les propriétaires ne voulaient pas les vendre et c'est ainsi que j'ai réussi à vivre de mon métier, c'est-à-dire en profitant du sport.

 

Nous avons également appris que vous venez de vendre Davendy S, la jument avec laquelle vous étiez 3 eme à Lyon et SF dans le Global de Madrid à Jessica Springsteen. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette vente ?

"J'ai toujours développé le commerce de nos chevaux et ce n'est pas péjoratif, cela fait partie de notre métier et nous aimons cela. De plus, Davendy était l'unique cheval qu'il me restait pour ce niveau d'épreuve mais garder un cheval d'une telle qualité pour faire des concours deux et trois étoiles ne me semblait pas raisonnable car ce n'est pas son niveau. C'est une jument qui est d'un respect incroyable et qui peut évoluer dans de très grosses épreuves mais qui a parfois besoin de refaire de plus petit parcours hors le fait de n'avoir qu'un seul cheval de ce niveau m'aurait obliger à lui faire faire les qualificatives du Grand Prix en plus du Grand Prix pour évoluer sur un niveau quatre étoiles ... ce n'est pas ce que je souhaitais pour la jument. Nous avons eu ici une belle opportunité, il avait toujours été convenu avec Patrick Bizot que nous la commercialiserons un jour, le contrat est rempli. Actuellement, mon mari, Cédric (Angot), a le vent en poupe et cela me fait plaisir pour lui. C'est très bien comme cela. Nous avons la chance d'avoir nos écuries pleines mais avec des chevaux à construire. Nous ne sommes pas des marchands de chevaux, nous n'achetons pas des chevaux en espérant gagner une petite pièce dessus. Lorsque nous achetons un cheval, c'est d'abord parce qu'il nous plait même si nous espérons le commercialiser à moyen ou à long terme, mais il n'y a rien à faire, on se trompe également parfois et il y a des chevaux qui ne concrétisent pas les espoirs que l'on a placé en eux. Maintenant, je suis pas mal d'élèves alors, tant qu'à les accompagner au concours, j'espère trouver un cheval sympa à monter. Maintenant, je n'ai plus 20 ans et j'ai eu la chance de gagner quelques épreuves sympa dans ma carrière alors je ne serai pas malheureuse si je reste un wee-end sans aller au concours pour la cause."(Communiqué à Studforlife).

Maintenant que vos deux chevaux de tête ont quitté vos écuries, qui les composent alors en plus d'Aagje VH Cauterof ?

J'ai un cheval de sept ans qui s'appelle Tescari'Jac que je monte depuis deux ou trois concours. C'est un cheval très sympathique mais je ne sais pas encore jusqu'où il pourra aller. Pour l'instant je ne le connais pas encore assez mais aujourd'hui ce n'est plus ma priorité même si je souhaite retrouver un cheval agréable pour aller me faire plaisir en concours. En plus d'Aagje et Tescari, j'ai d'autres chevaux qui ne sont pas encore prêts au haut niveau donc il est vrai que j'aimerai bien trouver de nouvelles montures plus expérimentées et compétitives momentanément.

[caption id="" align="aligncenter" width="960"] Eugénie & Aagje VH Cauterof[/caption]

 

Maintenant que votre écurie s'est allégée en montures, que faites-vous comme nouvelles activités ? Souhaitez-vous également passer plus de temps avec votre fille Camille qui ne cesse d'évoluer dans le haut niveau ?

J'ai plusieurs élèves dont je m'occupe en plus de ma fille et cela forme une équipe très sympathique. Je travaille leurs chevaux, je les emmène en concours, je m'occupe d'eux : c'est quelque chose que j'apprécie énormément ! La plus grande satisfaction est évidemment de les voir sourire en sortie de piste ! Pour ce qui est de ma fille Camille je l'ai toujours accompagnée, surtout ces dernières années. Maintenant j'ai surtout plus de temps dans ma journée et je ne suis plus obligée de tout calculer au millimètre près. Cela me donne aussi plus de temps dans ma vie personnelle, ce qui n'est pas si facile quand on est cavalier je pense même quand on est passionné ! Il arrive alors un moment où l'on a envie d'avoir une vie un peu plus reposante et j'ai l'occasion de saisir de cette chance donc je profite et l'on verra bien ce qu'il va se présenter dans l'avenir !

Enfin pour conclure cette interview, quelle monture à l'heure d'aujourd'hui, aimeriez-vous monter ?

J'aime beaucoup la For Pleasure de Pénélope Leprévost, Flora de Mariposa. C'est une jument très tonique, typée comme son père : c'est le genre de cheval que j'aime. Il y a également Davendy S (rires) sur laquelle on a un sentiment assez rare. J'aurais aussi choisi des chevaux comme Orient Express *HDC (cheval de Patrice Delaveau), des chevaux qui sont toniques, volontaires, ce que j'appelle des chevaux de concours, c'est-à-dire qu'ils peuvent avoir des tas de défauts à la maison mais quand ils rentrent en piste, ils ont envie de jouer le jeu et de faire sans-faute. Ce sont pour moi les meilleurs chevaux.

 Maxence Magnin