Alexandra Paillot "Je veux préparer la relève pour rester à haut-niveau"

Alexandra Paillot "Je veux préparer la relève pour rester à haut-niveau"
A l'occasion des Longines Masters de Paris, Alexandra Paillot nous a gentiment accordé un peu de son temps. Au terme d'une année capitale dans sa jeune carrière dont le point d'orgue a été le titre de Championne de France Pro Elite en septembre, la cavalière Hermès se montre motivée pour se faire une place à haut-niveau tout en gardant sympathie et décontraction.

Pour commencer, quel a été votre parcours pour arriver à ce niveau ?


J'ai commencé à monter à poney toute petite, tous les week-end dans notre maison de campagne. J'ai eu mon premier poney de compétition à 10 ans et après j'ai suivi un parcours classique : poneys, juniors, jeunes cavaliers avec les Championnats d'Europe pour ces deux derniers. Je me suis ensuite consacrée un peu plus à mes études (5 ans en école de commerce) et quand j'ai terminé j'ai décidé de me lancer pleinement dans les chevaux. Je suis partie aux Etats-Unis. Je partais pour deux semaines de stage chez Eric Lamaze et finalement j'y suis restée deux ans ! Là-bas je montais les chevaux de commerce et Eric m'a vraiment fait franchir un cap. Il continue à me coacher quand on se trouve sur les mêmes concours. Depuis un an et demi j'ai ma propre structure et j'ai eu la chance de trouver Polias de Blondel l'année dernière qui m'a vraiment propulsé au haut-niveau.

Comment êtes-vous organisée ? Votre famille travaille-t-elle avec vous ?


Toute la famille est passionnée, mon grand-père montait, mon père aussi comme amateur, mon frère également en parallèle de l'industrie. Le haras est à côté de Chantilly, on a des chevaux d'élevage, quelques chevaux de course et mes chevaux de concours. Je passe la moitié de l'année aux Etats-Unis, j'y fais le circuit hivernal de Wellington où j'emmène des chevaux de commerce en plus des chevaux de sport que je garde. J'ai des propriétaires qui me confient des chevaux à vendre là-bas. Cette année j'emmène cinq chevaux avec qui je pars le 9 décembre et j'ai quelques jeunes que j'emmène pour les former, d'autres qui sont à vendre. Mon piquet principal est composé de Polias de Blondel et Tonio la Goutelle. J'ai aussi une très bonne 9 ans, So Fun de la Roque et également de bons jeunes derrière qui j'espère prendront la relève des deux autres dans quelques années. J'ai en tout huit chevaux au travail. Aux Etats-Unis on en emmène un peu moins, c'est un peu plus compliqué à organiser. Ce sont surtout quelques jeunes qui restent ici, ils ont d'abord le droit à une bonne pause et ensuite par exemple mon huit ans va retourner chez Nicolas Delmotte qui l'a déjà monté à six et sept ans. Ma groom Laura m'accompagne aux Etats-Unis et pour les chevaux qui restent ici je ne sais pas encore trop qui les montera pendant mon absence mais je n'ai personne qui reste aux écuries.

[caption id="attachment_75210" align="aligncenter" width="3008"]Laura et Tonio à Lyon - Equnews.fr / Alexandre Lourenço Laura et Tonio à Lyon - Equnews.fr / Alexandre Lourenço[/caption]

Quelles sont les différences entre les concours américains et européens ?


Aux Etats-Unis on reste trois mois au même endroit puisque le Winter Equestrian Festival (WEF) est sur le même site. Il y a des épreuves tous les jours, toutes les semaines donc c'est beaucoup plus industriel qu'en Europe. Il y a vraiment la notion professionnel / client c'est-à-dire que tous les cavaliers professionnels ont leurs clients et les semaines sont organisées de façon à ce que certains jours soient consacrés aux amateurs et les autres aux professionnels. Pour l'instant je n'ai moi-même pas de clients à coacher mais c'est une activité que j'aimerais bien développer. Le concours propose également des épreuves de hunter et d' "équitation", c'est un peu plus diversifié. Les concours européens sont plus authentiques, là-bas tout est trop beau, trop parfait. Concernant la difficulté des parcours, elle est identique puisque ce sont des chefs de piste européens qui construisent la plupart des parcours. Il y a également beaucoup de cavaliers européens qui participent donc on peut vraiment se mesurer aux meilleurs. C'est également très intéressant à regarder pour apprendre parce qu'on peut voir des Beezie Madden ou Rodrigo Pessoa monter toute la semaine de la 1m30 au Grand Prix Coupe du Monde.

Est-ce que votre titre de Championne de France vous a permis d'avancer encore plus et quels sont vos objectifs pour le futur ?


Ce titre m'a ouvert beaucoup de portes, j'ai pu sauter à Lyon, maintenant ici à Paris. Je vais essayer de laisser un mois et demi de pause à Polias puis bien le redébuter en extérieur à Wellington pour pouvoir revenir faire des Coupes des Nations si Philippe Guerdat me sélectionne. Je vais tenter de préparer mon cheval au mieux et on verra où cela nous mène au final. Je voudrais déjà être à l'aise dans ce niveau d'épreuve. Je ne voudrais pas faire que de la formation de jeunes chevaux mais vraiment être dans le grand sport. Je veux préparer la relève pour rester à haut-niveau.

Enfin, quel cheval rêveriez-vous de monter ?


Il y en a beaucoup en fait ! J'aime bien la jument d'Edwina Tops-Alexander, Caretina de Joter.

[caption id="attachment_75207" align="aligncenter" width="2667"]Alexandra aux Longines Masters de Paris - Equnews.fr / Alexandre Lourenço Alexandra aux Longines Masters de Paris - Equnews.fr / Alexandre Lourenço[/caption]