Rodolphe Scherer, talent et expérience tournés vers la modernité...(partie 2)

Rodolphe Scherer, talent et expérience tournés vers la modernité...(partie 2)

Après être revenu sur sa saison 2014 dans la première partie, Rodolphe Scherer nous parle aujourd'hui de son avenir :


La trêve hivernale


Les chevaux ont une phase d'un mois ou deux de décompression où ils redescendent un peu en condition pour arriver à une condition "hivernale". On va en profiter pour faire pas mal de travail sur le plat, d'assouplissements. Pour les jeunes chevaux on va commencer le travail long et lent pour mettre le fond en place. En janvier on va débuter les stages à Saumur en dressage, on va les emmener à différents endroits pour travailler sur le plat et aussi à l'obstacle plutôt sur la technique que sur des enchaînements. On a aussi les Cross Indoor de Genève et Bordeaux en ligne de mire. Je suis invité à Genève où ils voudraient que j'emmène Makara. On va vraiment être sur un format de démonstration de la discipline. J'avais éventuellement un autre cheval qui se prête plus à ça mais ils tenaient à avoir les chevaux de tête alors cela ne me dérange pas tant que ça ne dérègle pas tout ; moi gagner Genève je m'en fiche un peu, il faut choisir ses objectifs. Apparemment ce sera surtout sur un parcours de cross avec peu d'obstacles barrés. Il y aurait une dotation sur l'épreuve qui serait secondaire puisqu'on sera rémunéré pour y aller. Ils devraient faire une visite vétérinaire en public pour la faire découvrir aux spectateurs. Le but est de faire des beaux tours donc si c'est dans le cadre du travail ça peut se faire très bien ; ça leur fait voir un peu de pays et ça peut être une bonne expérience si on courre intelligemment.


L'avenir...


Pour la saison prochaine je pourrai compter sur Makara, si tout va bien, Todd qui aura 8 ans, mon 6 ans, Union Libre Fly, qui en aura 7 et qui aura pour objectif le Lion d'Angers. J'ai aussi un ou deux 5 ans qui vont prendre 6 ans et qui feront surement la Finale. Et surtout j'en cherche un autre. Ca fait un petit moment que je cherche, j'ai du mal à trouver. Le rêve serait d'avoir une jointure entre Makara et Todd mais c'est un peu compliqué à trouver. J'en cherche un plutôt de 7-8 ans. On a un peu de sous mais c'est pas facile à trouver parce que soit ils se sont déjà révélés, c'est des cracks et ils sont inachetables, soit ils leur manquent un peu quelque chose... Pendant très longtemps j'ai souvent récupéré les chevaux des autres, des chevaux à problèmes, mais j'aimerais bien en avoir, un peu comme Todd, plus "facile". On vous met vite une étiquette de mécanicien mais je pense que les deux vont ensemble. Makara, Nicolas Touzaint l'avait à 5 ans et il ne l'a pas gardée, il l'a vendue. Donc après on est comme les autres, gagner le dressage on sait le faire mais au bout d'un moment il faut aussi les chevaux pour. C'est vrai qu'on a passé la transition un peu lentement, on s'en est peut-être pas assez préoccupé dans le choix des chevaux. Il faut avoir aussi les propriétaires à un moment pour acheter les chevaux parce que dès que ça trotte, ça galope et ça saute, on se retrouve sur des chevaux qui iraient bien en dressage, bien en cso donc on a des prix très élevés. Par exemple Todd qui tient la route c'est déjà les propriétaires qui ont mis de l'argent. Alors c'est vrai qu'en plus il y a eu un moment où je me suis un peu moins affolé parce qu'il y avait le club, plein de choses à mettre en route. Autour de moi il y a toute une équipe qui s'est bien remotivée, avec en plus ce qui s'est passé aux JEM qui a remis un bon coup de booster donc le haut-niveau va devenir plus prioritaire. Moi ce qui me motive c'est les grands championnats mais il faut évidemment passer par les petites épreuves. Aux Jeux j'ai deux fois été médaille en chocolat donc je sais ce que c'est d'y aller ; et d'être médaille en chocolat ça ne me motive pas du tout. Ça fait prétentieux mais l'équipe que j'ai, les gens qui m'ont formé etc, c'est une équipe pour gagner. Aujourd'hui, quoiqu'on en dise il faut quand même la cavalerie. On a le savoir-faire, la technique mais maintenant il faut quand même des chevaux. Par exemple Nicolas Touzaint, quand il a moins de bons chevaux il est moins là alors qu'il a toujours le même talent et qu'il est même meilleur aujourd'hui qu'il y a 4 ans. La qualité des chevaux a énormément augmenté, c'est ce qui a le plus changé en complet ces dernières années. Le complet est un super sport parce qu'il mise encore beaucoup sur le travail mais malgré tout il faut une matière première qui est bien meilleure qu'avant. Makara c'est le bon exemple, je pense que j'ai rarement aussi bien travaillé un cheval qu'elle mais après il manque un petit peu quelque chose quand même. Il y a des chevaux qui ont plus d'aptitude naturelle. Quand j'ai eu Fairfax et Good Enough c'est passé un peu inaperçu mais la même année j'en avais deux à Badminton, deux à Burghley où je suis à chaque fois classé. Aujourd'hui on retient quand on gagne : j'ai fait moins de papier en réalisant ces performances-là que si j'avais été gagnant de Bazoges. Mais je n'ai bien sûr aucune amertume ni de regret là-dessus. Tout d'abord c'est ce que j'aime et en plus c'est ce qui fait que ce qu'il s'est passé aujourd'hui avec Makara est arrivé. Maintenant si le bon cheval me passe dessous je pense que je ne passerai pas à côté, en tout cas je l'espère. L'atout il est là et je pense que c'est ce qui fait aujourd'hui que je suis aussi sur la liste A de la FEI grâce à mes résultats, ce qui me permet d'avoir besoin de moins de qualifications pour les grosses épreuves.


La suite samedi...


Photo : Rodolphe et Todd sur le cross du Lion d'Angers - Equnews.fr / Maria Guinamant.


A.L