Interview du maestro des paddocks : Pedro Cebulka !

Interview du maestro des paddocks : Pedro Cebulka !

Lors des concours, ce sont souvent les cavaliers et les chevaux qui sont sous les feux des projecteurs, mais il ne faut pas oublier les organisateurs et l’équipe de piste qui mettent tout en oeuvre pour que tout se déroule au mieux. Il y a cependant un membre de l’équipe qui attire l’attention en bord de piste. C’est le héros de beaucoup de cavaliers, sponsors, spectateurs… Celui qui fait sourire tout le monde. Un homme avec un prénom espagnol, un nom de famille polonais, un passeport allemand, une femme néerlandaise, et une maison au Canada: Pedro Cebulka.


Pedro Cebulka, l’homme présent sur tous les grands concours. Quand avez-vous commencé à être steward ?


J’ai commencé en 1986. Les organisateurs de Spruce Meadows m’avaient invité pour être leur steward. J’avais une seule tâche : rester à l’entrée de piste et appeler les cavaliers. En fait, mon boulot est vraiment simple : je dois aider le cheval et son cavalier à entrer et sortir de la piste rapidement mais en sécurité. Cela demande de la communication avec le jury, les vétérinaires, les équipes de télévision… C’est important de s’assurer que les cavaliers rentrent à temps sur la piste et calmement. Si les cavaliers sont calmes, alors les chevaux seront relaxés et bien dans leur tête.


Comment décidez-vous de travailler sur tel ou tel concours ?


J’ai la chance de pouvoir décider des concours dans lesquels je vais. Pour moi, l’ambiance et le bien-être des chevaux sont le plus important, comme pour les cavaliers je pense. J’ai commencé en bas de l’échelle, au Canada, à Spruce Meadows, à nettoyer des boxs. Et depuis le début, ma priorité est la bonne relation entre le cavalier et le cheval.


Comment en êtes-vous arrivé à collaborer avec les Longines Masters ?


Les organisateurs m’ont contacté au tout début de l’existence de ces concours. A cette époque, il s'agissait encore des Bruxelles Masters organisés par Nelson Pessoa. J’étais intrigué par l’idée de rassembler les meilleurs cavaliers au monde et les laisser batailler pour la victoire. Ça, et la qualité des concours m’ont poussé à devenir le steward des Masters. Un métier que j’adore encore aujourd’hui !


Vous avez évidemment un lien spécial avec les cavaliers puisque vous allez partout avec eux, un peu comme un père…


Ce sont mes enfants dans le sens où la plupart des cavaliers sont plus jeunes que moi, d’autres sont mes frères, et certains autres sont un peu plus âgés que moi. Je les côtoie depuis 37 ans. J’ai une relation spéciale avec les cavaliers aussi parce que j’ai partagé leurs meilleurs moments mais je suis également leur ami lors de moments plus durs, et parfois même tristes. C’est aussi cela qui renforce cette relation hors du commun.


Avez-vous un concours préféré ?


J’ai travaillé partout dans le monde, en Australie, en Asie - désormais avec Hong Kong -, au Moyen-Orient, en Europe, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud - au Venezuela et au Brésil… Il y a tellement de beaux concours que c’est impossible de dire celui que je préfère. Bien sûr, Spruce Meadows sera toujours dans mon coeur, c’est là que tout a commencé. Mais comme je l’ai dit, tous les concours sur lesquels je travaille maintenant sont très spéciaux pour moi.


Avez-vous un cheval préféré ?


J’en ai plusieurs. J’ai rencontré beaucoup de cracks au fil du temps, j’ai même voyagé avec certains chevaux. Quelques décennies plus tôt, c’était le capitaine de l’avion qui décidait où les étalons et les juments devaient être placés, c’était drôle !


Mais ce qui est agréable c’est que chaque cheval est unique, et ils sont tous spéciaux. J’ai une petite anecdote sur Milton (John Whitaker). A l’aéroport de Stansted en Angleterre, au moment d’embarquer pour Spruce Meadows, le groom a malencontreusement lâché le cheval. Nous étions sur la piste d’atterrissage, alors j’ai sauté et attrapé la longe. Milton se cabrait et je n’ai rien lâché car s’il s’était échappé il aurait pu se faire percuter par un avion. Après, j’avais la peau de mes mains qui partait, mais on avait sauvé Milton ! C’est une anecdote parmi tant d’autres.